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Le Palais et le camp retranché de Mustapha-Pacha. - Édifié sur les collines de Mustapha- Supérieur, avec les vestiges d'un camp retranché, a encore, en dépit des injures du temps, un aspect imposant. Les colonnades de marbre, les murs ornés de faïences italiennes, le cloître intérieur où s'érige une tour carrée et massive, la salle des gardes à colonnes géminées d'un travail achevé, le gracieux édicule où l'on rendait la justice, les murailles épaisses qui entouraient le palais, les chemins de ronde à lignes brisées, les remparts extérieurs et les guérites des guetteurs, tout indique, comme en une leçon de choses, les préoccupations du maître et la destination de ce vaste ensemble de constructions. Il importerait que, sur l'initiative de M. le Gouverneur général, cet édifice fût classé au nombre des monuments historiques. C'est ce qu'il y a de plus intéressant et de moins connu à Alger.

Ce Mustapha-Pacha, dont le règne ne dura que sept années (du 15 mai 1798 au 30 août 1805), est un personnage curieux, digne, à tous égards, de retenir l'attention. Il vécut pendant une période agitée et troublée par les intrigues, les assassinats et les massacres. Après avoir exercé les métiers les plus bas, il s'éleva jusqu'à la plus haute dignité, consacrée par Sélim III, sultan de Constantinople. Comme il le prouva, à la suite de ses démêlés avec Bonaparte, premier consul, son caractère était fait d'un mélange d'arrogance et de faiblesse, d'irritabilité nerveuse et de soumission servile. Il fut l'objet de cinq tentatives d'assassinat. Il ne put échapper à la dernière. On lui reprochait âprement de favoriser Bacri et Busnach dans leurs opérations commerciales. Après la mort de Nephtali Busnach, tué en pleine rue par un janissaire, il fut, à son tour. égorgé au moment où il se disposait à fuir avec son Khaznadji. Mustapha-Pacha, dont le nom a été attribué à deux grands quartiers d'Alger (Mustapha-Inférieur et Mustapha-Supérieur) fut, en un laps de temps relativement court, un infatigable constructeur ; et, dans ces différentes entreprises, l'ancien garçon charbonnier révéla souvent un véritable sens d'art. C'est à lui que l'on doit le palais de la rue Emile Maupas (aujourd'hui bibliothèque nationale), le Dar-el-Souf (Hôtel de la division militaire), la riche demeure du boulevard Amiral-Pierre (hôtel du général du Génie) et aussi la résidence de Mustapha-Supérieur dont nous avons parlé plus haut, asile ouvert au frissonnement de sa peur. Tel jadis, Dioelétien enfermé dans le palais fameux de Spalato.

Depuis 1849, les sœurs de St-Vincent-de-Paul y ont ouvert un orphelinat dont elles assurent encore le fonctionnement avec les soins les plus dévoués.

Jardin d'Essai. - Créé en 1832. Administré et aménagé par M. Hardy, puis loué à la Compagnie Algérienne et enfin repris par le Gouvernement général. Fut visité en 1865, par l'Empereur ; en 1903, par le Président Loubet et en 1922 par le Président Millerand. Créé sur un ancien marais où l'on chassait le sanglier.

En cet endroit, Charles-Quint opéra son débarquement en 1541.

Pour la description de ce beau jardin, se référer au chapitre suivant " les Jardins d'Alger".

 
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