Ce Mustapha-Pacha, dont le règne
ne dura que sept années (du 15 mai 1798 au 30 août 1805),
est un personnage curieux, digne, à tous égards, de retenir
l'attention. Il vécut pendant une période agitée et
troublée par les intrigues, les assassinats et les massacres.
Après avoir exercé les métiers les plus bas, il s'éleva
jusqu'à la plus haute dignité, consacrée par Sélim III,
sultan de Constantinople. Comme il le prouva, à la suite de
ses démêlés avec Bonaparte, premier consul, son caractère
était fait d'un mélange d'arrogance et de faiblesse,
d'irritabilité nerveuse et de soumission servile. Il fut
l'objet de cinq tentatives d'assassinat. Il ne put échapper
à la dernière. On lui reprochait âprement de favoriser
Bacri et Busnach dans leurs opérations commerciales. Après
la mort de Nephtali Busnach, tué en pleine rue par un
janissaire, il fut, à son tour. égorgé au moment où il se
disposait à fuir avec son Khaznadji. Mustapha-Pacha, dont le
nom a été attribué à deux grands quartiers d'Alger (Mustapha-Inférieur
et Mustapha-Supérieur) fut, en un laps de temps relativement
court, un infatigable constructeur ; et, dans ces différentes
entreprises, l'ancien garçon charbonnier révéla souvent un
véritable sens d'art. C'est à lui que l'on doit le palais de
la rue Emile Maupas (aujourd'hui bibliothèque nationale), le
Dar-el-Souf (Hôtel de la division militaire), la riche
demeure du boulevard Amiral-Pierre (hôtel du général du
Génie) et aussi la résidence de Mustapha-Supérieur dont
nous avons parlé plus haut, asile ouvert au frissonnement de
sa peur. Tel jadis, Dioelétien enfermé dans le palais fameux
de Spalato. |