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Notre admiration de cette scène grandiose nous fît oublier non seulement notre fatigue et les inconvénients de la route, mais encore les dangers de la rivière, qu'il nous fallut, passer à gué plusieurs fois. Nous arrivâmes à Biskra entre deux et trois heures du matin. Nous y apprîmes que la colonie militaire avait été fort inquiète à notre sujet. Comme la diligence avait un retard de six heures, on s'était imaginé naturellement que nous avions été assaillies et dépouillées par quelque tribu hostile. Nous fûmes bientôt installées dans d'excellents appartements, chez M. et Mme Médan, colons français qui tiennent une auberge ou pension sur la petite place derrière le marché.

 
Le désert, les chacals.
 
Ce ne fut pas sans plaisir que nous étendîmes nos membres fatigués dans des lits propres et commodes, après avoir été renfermées pendant dix-neuf heures dans le coupé d'une mauvaise diligence. A l'exception d'El-Kantra, le pays situé entre Batna et Biskra est sauvage et désert au plus haut degré : il est complètement dépourvu d'arbres, et offre à peine çà et là quelques traces de culture. C'est un pays de pâturage ; fréquenté par d'immenses troupeaux de bétail, de chameaux et de brebis, qui paissaient de loin en loin sur les pentes des montagnes, gardés par de petits pâtres arabes.

Les habitants de cette région sont les Biskris ou Saharis, d'origine kabyle ou berbère, dont j'ai déjà parlé. Ils se sont mélangés avec les Arabes nomades, de telle façon qu'on ne peut plus les distinguer de ces derniers. Ils habitent soit des gourbis, soit des tentes noires de poil de chameau, et portent le costume bédouin ; 

    

 

   
les femmes toutefois ont la figure découverte, selon l'usage kabyle, et sont surchargées de bijoux de toute espèce. Les tentes sont ordinairement gardées par des chiens. Ceux des Biskris sont d'une belle race fauve, produit d'un croisement avec le chacal, tandis que les Kabyles ont des chiens-loups à l'aspect hideux.
 
Ils se sont mélangés avec les arabes nomades.
 

Le lendemain de notre arrivée était un dimanche. Comme je m'acheminais vers l'église, quelle ne fut pas ma joie d'apercevoir une cornette blanche qui sortait d'une petite maison au moment où L'angélus sonnait la messe de six heures ! Malgré le caractère d'ubiquité de leur charité, j'avoue que je ne m'attendais guère à rencontrer des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul au milieu des oasis et des déserts arides du Sahara.

 
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