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La route de Guelma est presque
impraticable pour les voitures, et le tirage conséquemment
horrible pour les pauvres chevaux : aussi, quand nous eûmes
atteint le caravansérail du Kroubs, notre conducteur prit à
travers champs, traversant les rivières à gué et brisant
les haies de clôture, dans une sorte de steeple-chase qui
aurait certainement fait bien peur à des personnes nerveuses.
Ces inconvénients n'existeront plus dès que la nouvelle
route empierrée, qui est en voie de construction, sera
achevée. Quant à nous, nous préférâmes aller à pied
jusqu'au relais suivant : ce qui nous permit de cueillir des
narcisses blancs, des tulipes et des crocus, qui croissaient
naturellement dans les prés. Le pays, d'abord plat et
désert, changea d'aspect en approchant de Guelma, et nous revîmes
avec plaisir des forêts et des montagnes à l'horizon.
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Guelma est une petite ville moderne,
insignifiante, bâtie sur les ruines de l'antique Calama, dont
il ne reste aujourd'hui que les remparts et la citadelle. On a
organisé dans un ancien temple sphérique un petit musée,
qui contient des statues précieuses, des colonnes et des
inscriptions découvertes lors de la construction de la
nouvelle ville par les Français. L'hôtel de l'endroit était
mauvais et malpropre (le seul que nous ayons trouvé en
Algérie dans ces conditions) : aussi n'étions-nous point
disposées à y faire un long
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séjour ; mais, comme le
lendemain était le dimanche des Rameaux, nous restâmes pour
aller à la messe et nous procurer des palmes bénites à la
jolie petite église Saint-Augustin, qui est sur la grande
place. Nous retrouvâmes ici des sœurs de la Doctrine
chrétienne, avec leurs belles écoles, dont les enfants
avaient orné leurs rameaux de gâteaux et de bonbons, usage
que je n'admirai pas du tout. |
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Non loin de Guelma se trouve
Souk-Harras, l'antique Tagaste, patrie de sainte Monique, où
naquit saint Augustin, le 13 novembre 334, son père Patrice
étant alors préfet de la ville. Après l'office, nous nous
empressâmes de quitter notre vilain appartement à l'auberge,
pour monter dans une petite voiture qui devait nous conduire
à Hammam-Meskhroutin, ou " les Bains Maudits ", but
principal de notre voyage dans la province de Constantine.
Nous passâmes près d'une riche ferme, qui appartient à M.
Vigier, colon français très entreprenant ; et, tournant
brusquement à gauche, nous arrivâmes dans un vallon
pittoresque, au fond duquel coule la Seybouse, et que dominent
de hautes montagnes, jusqu'à ce que nous atteignîmes un
plateau élevé, et nous aperçûmes devant nous les sources
chaudes, ou plutôt un nuage blanc de vapeurs sulfureuses.
Nous descendîmes chez la femme de charge de M. Lambert
(gouverneur général de l'Algérie à cette époque), qui
avait disposé un petit chalet pour nous recevoir, d'après
les instructions
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