Pour moi, je savais bien, avant
mon excursion dans ces contrées, que le territoire français
du nord de l'Afrique comprend les trois provinces d'Alger,
d'Oran et de Constantine ; mais j'ignorais complètement que
la nature elle-même a partagé ce pays en zones distinctes,
parallèles à la mer, et qui ont chacune leur physionomie
particulière.
La première est le Sahel, ou rivage, région maritime,
centre naturel du commerce, parce que c'est là que sont
situées les villes importantes.
La seconde est le Tell, plaines vastes et fertiles, qui
s'étendent depuis le Sahel jusqu'aux chaînes neigeuses de
l'Atlas.
La troisième, appelée par les Français les Hauts
Plateaux, consiste entièrement en montagnes et en ravins,
cultivés çà et là, mais surtout propres aux pâturages.
La quatrième zone est le Sahara, ou désert, immense
région sablonneuse, parsemée d'oasis, de palmiers-dattiers,
autour desquels se groupent des gourbis ou cabanes de terre.
Les habitants de ces oasis sont d'une indigence extrême ; ils
se nourrissent principalement de dattes, et, lorsque la
récolte vient à manquer (comme cela arrive dans les années
de sécheresse), ils en sont réduits à mourir de faim.
Les indigènes ne sont pas tous Arabes, comme on serait
tenté de le croire ; les races qui habitent ces zones
diverses, sont parfaitement distinctes les unes des autres.
Il est vrai qu'après la chute de l'empire romain et la
cruelle invasion des Vandales, les Arabes, à leur tour,
s'emparèrent des côtes de la Méditerranée : car, l'an 645
de Jésus-Christ, le calife Omar1 envoya 80,000
hommes qui ravagèrent cette contrée et
|