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avec ses ruelles escarpées qui font l'effet d'une suite d'escaliers sombres et malpropres, ses magnifiques portes d'où l'on plonge dans de ravissantes cours mauresques, ses fontaines et ses mosquées pittoresques, ses bazars toujours remplis de monde, enfin tous les divers aspects de la vie orientale. Mais, il faut le reconnaître, à mesure que la ville française empiète sur la ville arabe, la beauté et l'intérêt d'Alger vont en diminuant ; et ceci s'applique également à Constantine, qui bien plus qu'Alger a conservé le cachet oriental. Nous allons donc décrire fidèlement nos impressions, laissant nos lecteurs libres de conclure comme il leur plaira.
 

Je dois dire en commençant que nous arrivâmes dans un moment de transition et de quasi révolution. Dans l'espace de six semaines, Alger avait vu passer une demi-douzaine de gouvernements différents, qui n'étaient d'accord que sur ces deux points : 1° la destruction de la religion catholique, et 2° la nomination d'Israélites à tous les postes d'honneur civils et militaires. Je fus moi-même témoin des effets funestes de ces innovations pendant mon séjour prolongé dans la capitale de l'Algérie. L'archevêque était absent : il était resté en France par mesure de prudence, et pour éviter ainsi des conflits directs et inévitables avec le nouveau régime.

Notre première visite fut à la cathédrale, ancienne mosquée, 

    

 

   
dont la façade est fort belle : trois portes cintrées surmontées de deux tours et un magnifique perron de vingt marches conduisent à l'entrée principale.

L'intérieur se compose d'une série d'arcades mauresques sculptées, qui reposent sur des colonnes de marbre. D'anciennes sentences du Coran en lettres d'or sur un fond rouge et noir se lisent encore sur la coupole du maître-autel. A droite, en entrant, on remarque le monument en marbre élevé à la mémoire du martyr Geronimo, qui fut mis à mort au quinzième siècle, en haine de la religion chrétienne. Le fort appelé " fort des Vingt-Quatre-Heures " était alors en voie de construction. Le saint fut enterré vif dans un tas de mortier ; plus tard on découvrit son corps, et la translation solennelle de ses reliques dans la cathédrale eut lieu le 27 décembre 1853. Les deux anges sculptés dans le marbre de chaque côté du tombeau ont l'air d'attendre le moment de la résurrection glorieuse de ce martyr, en grande vénération parmi les catholiques du pays : aussi sa chapelle est-elle rarement déserte.

Le palais de l'archevêché fait face à la cathédrale : c'est un beau spécimen d'architecture mauresque, avec sa cour couverte, ses gracieuses arcades, ses colonnes de marbre, etc., etc. Les portes en bois de cèdre sont enrichies d'arabesques capricieuses ; les soubassements des chambres et des couloirs sont incrustés de faïences peintes à l'encaustique, dont les dessins et les couleurs sont d'une rare beauté. La distribution des habitations arabes est partout la même ; elle ne diffère que par le plus ou moins d'ornementation, de sorte que cette description s'applique également à l'hôtel du gouverneur général, dont les salons de réception sont cependant plus vastes et la cour intérieure remplie de palmiers et de plantes exotiques.

C'est sur une colline appelée " Mustapha-Supérieur " que se rencontrent les plus belles maisons de campagne des habitants d'Alger. Lorsque nous allâmes rendre visite au consul d'Angleterre

 
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