|
royale du 22 juillet 1834 créa le gouvernement général de
l'Algérie, désignée sous le nom de « possessions françaises
dans le nord de l'Afrique ». Le premier gouverneur général fut
Drouet d'Erlon, qui prit possession de son poste en septembre 1834.
III
Les débuts du Gouvernement général
La Macta - La Sikkak - Le
Traité de la Tafna La Prise de Constantine
L'institution du gouvernement général était une preuve de
volonté. Mais cette volonté était encore peu éclairée. On
tenait par-dessus tout à éviter des dépenses et on en restait aux
illusions du début : occupation de quelques points de la côte avec
une banlieue suffisante pour permettre aux garnisons et aux citadins
de se ravitailler ' tout en assurant leur sécurité. Pour le reste,
on se flattait d'entretenir des relations acceptables avec les chefs
du pays, on espérait même les amener à reconnaître la
souveraineté de la France. Mais c'était tout. Programme
évidemment inspiré par des souvenirs historiques, mais qui
négligeait le fait important survenu depuis le temps des Romains :
l'islamisation de l'Afrique du Nord. Qui négligeait aussi
l'étendue et la vigueur des ambitions personnelles des deux
principaux chefs de l'intérieur : le bey Ahmed à Constantine,
l'Émir Abd el Kader en Oranie.
Le pouvoir du second paraissait singulièrement précaire, mais
l'énergie de l'homme devait suffire à le consolider.
Sa tâche
n'était par facile. Ses ascendances maraboutiques, qui l'avaient
d'abord servi, suscitaient contre lui les jalousies des familles
qui fournissaient traditionnellement des chefs, et des chefs
militaires. Abd el Kader avait comme rivaux et comme ennemis : El
Ghomari, Cheikh des Angad, Mustapha ben Ismaël, des Douairs et
Smela, Kaddour ben Mokhfi, des Bordjia, Sidi Larbi, des tribus du
Chélif. Il était facile d'exploiter contre l'émir le fait qu'il
avait traité avec les infidèles : les conditions importaient peu.
|
|
|
|
Moins de deux mois après la signature du traité Desmichels,
les Douairs et les Smela, renforcés des Angad, se jetaient sur le
camp de l'émir à Hennaya, près de Tlemcen : Abd el Kader
s'échappait presque seul et rentrait à Mascara (12 avril 1834). La
révolte s'étendit.
Le général Desmichels resta fidèle à la politique qui l'avait
amené à traiter. Il refusa l'aide que lui demandaient les Douairs
et les Smela. Il fournit des armes et de la poudre à Abd el Kader
et lui donna des conseils d'ordre stratégique. L'Émir marcha
contre ses adversaires : il battit Sidi Larbi à El Bordj, Mustapha
ben Ismaël près de Tlemcen (1er juillet 1834). Il
occupa cette dernière ville, mais ne put rien contre le Méchouar
où les Turcs tenaient toujours et où les rejoignit Mustapha. Cet
échec ne l'empêcha pas de rentrer à Mascara en vainqueur, maître
du pays depuis les frontières du Maroc jusqu'au Chélif. Avant la
fin de l'année, il réussissait à s'emparer de Sidi Larbi et d'El
Ghomari qui n'avaient pas voulu se soumettre : il les fit exécuter.
Son plan se précisa. Il organisa d'abord son domaine, qu'il
partagea en deux khalifaliks, Tlemcen et Mascara, subdivisés en
aghaliks, desquels relevaient les tribus commandées par des caïds.
Le but de cet effort administratif était la reprise de la lutte
contre les Français, comportant 1° l'installation du pouvoir de
l'émir dans le Tittery (Médéa, Miliana); 2° l'éviction d'Ahmed,
le bey de Constantine, avec l'aide des chefs kabyles de la région
de Bougie; 3° enfin, l'expulsion des Français avec l'aide du
sultan du Maroc.
Le nouveau gouverneur général s'opposa d'abord à l'effort d'Abd el Kader.
A une proposition de l'émir tendant à rétablir l'ordre dans le
Tittery et dans la province de Constantine, Drouet d'Erlon répondit
de façon négative. Mais, sous l'influence du Consul d'Abd el Kader
à Alger, Judas Ben Duran, ses conceptions subirent la même
évolution que celle de Desmichels (qui avait été rappelé en
janvier 1835 et remplacé par le général Trézel) : il né réagit
pas contre les entreprises de l'Émir.
Après avoir mis à la raison de nouveaux adversaires qui, cette
fois, appartenaient à sa propre famille et étaient soutenus par la
confrérie des Derkaoua, Abd el Kader occupa Miliana et Médéa
(mars-avril 1835). Cette dernière ville, après avoir défait Hadj
Moussa (Bou Hamar, l'homme à l'âne).
Drouet d'Erlon était retenu par les instructions venues de Paris,
qui lui annonçaient qu'il n'aurait pas de crédits supplémentaires
pour 1835 et que les crédits de 1836 ne seraient |
|