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pas plus élevés. Mais le nouveau commandant à Oran se rendit
compte des ambitions d'Abd el Kader, et il voulut y mettre des
limites. Au moment de son arrivée, il avait été expliqué à
l'émir que les notes du 4 février n'avaient pas de valeur
officielle pour le gouvernement français source de difficultés
certaines puisqu'Abd el Kader les considérait comme partie
intégrante du traité.
Trézel, obligé de se soumettre aux ordres du gouverneur général,
avait dû, au mois de mars 1835, refuser aux Turcs du Méchouar de
Tlemcen l'aide qu'ils lui demandaient contre Abd el Kader. La
manière dont celui-ci réalisait son monopole du commerce des
grains, en empêchant le ravitaillement d'Oran, allait obliger
Trézel à l'action, tandis que Drouet d'Erlon s'empêtrait dans une
négociation, qui, si elle avait abouti, aurait étendu au Tittery
les stipulations du traité Desmichels telles que les interprétait
l'émir.
Les Douairs et les Smela continuaient à venir sur les marchés
d'Oran. Ils offrirent à Trézel de jouer le rôle de tribu maghzen
auprès des Français. L'arrestation de l'un d'eux sur l'ordre de
l'émir les conduisit à la révolte ouverte contre lui. En dépit
des instructions dilatoires dé Drouet d Erlon, Trézel jugea
nécessaire de les soutenir : une convention fut signée lé 16 juin
au camp du Figuier, aux termes de laquelle les Douairs et les Smela
reconnaissaient la souveraineté du roi des Français (chefs nommés
par celui-ci, tribut annuel). La reprise des hostilités était
inévitable. A une lettre de Trézel Abd el Kader répondit par un
ultimatum.
Le 19 juin 1835, Trézel s'était porté au camp du Tlélat avec
2.500 hommes de la garnison, peu entraînés et encombrés d'un
lourd convoi. Le 26, il battit cependant Abd el Kader qui, avec
1.500 fantassins et 3.000 cavaliers, lui avait tendu une embuscade
au bois de Moulay Ismaël, et s'établit sur la rive gauche du Sig.
Après un essai de négociation, Trézel décida de rentrer à Oran.
Suivant l'usage qui fit longtemps le succès d'Abd el Kader, la
route du retour fut funeste à la colonne française. Les
contingents de l'émir avaient grossi. Ils atteignaient 1.000 hommes
à pied seulement, mais 14.000 cavaliers. Au défilé de la Macta,
Trézel, attaqué de tous les côtés, fut submergé sous lé
nombre; sa colonne fut disloquée, son convoi pillé, ses blessés
massacrés; il réussit cependant à rentrer à Arzeu. Il avait
perdu 254 tués, son convoi, son matériel, des armes, un obusier de
campagne; il ramenait 150 blessés (28 juin). |
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Cependant Lamoricière, arrivé d'Alger, ayant pu revenir
d'Oran à Arzeu par terre à la tête de cavaliers Douairs et Smela,
Trézel, avec les débris de sa colonne, rentra à Oran sans être
inquiété. Il revendiqua la responsabilité de l'événement qu'on
appela en France un désastre. II fut rappelé.
Un prompt redressement était nécessaire. Le Maréchal Clauzel,
premier successeur de Bourmont, et partisan déterminé de
l'entreprise, remplaça Drouet d'Erlon, qui avait, dès le 27 juin,
désavoué l'entrée en campagne de Trézel. Des renforts furent
envoyés en Algérie, et avec eux un des fils du roi Louis-Philippe,
le duc d'Orléans. Cependant il fallut attendre : le choléra
s'était déclaré à Alger et les forces expéditionnaires ne se
montaient qu'à 21.000 disponibles.
Les opérations commencèrent au mois de septembre par des travaux
au camp du Figuier. En octobre, l'îlot de Rachgoun, à l'embouchure
de la Tafna, fut occupé, et un régiment de renfort jeté dans
Oran. Abd el Kader, inquiet, écrivit au Roi d'Angleterre pour lui
demander son appui, et se livra à une intense propagande parmi les
tribus. En même temps, il retira ses richesses de Mascara, et
envoya sa. famille dans le Sud.
Le corps expéditionnaire rassemblé par Clauzel à Oran avait un
effectif de 10.000 hommes (brigades Oudinot, Perrégaux, d'Arlanges
et Combe), renforcés dé cavaliers Douairs et Smela, de fantassins
turcs et des zouaves de Lamoricière. Il quitte le camp du Tlélat
le 29 novembre. Le 1er décembre, l'envoi d'une
reconnaissance contre Abd el Kader donne lieu à un vif engagement;
les Français restent maîtres de la situation, mais ils rentrent à
leur camp. Le 3, Abd el Kader attaque sans succès la colonne; il
ne réussit pas mieux dans une embuscade auprès des marabouts de
Sidi Embarek. Il ne put empêcher Clauzel de prendre pied dans la
montagne et de déboucher sur le plateau d'Aïn Kebira (5
décembre). Ce fut le signal de la défection parmi les contingents
d'Abd el Kader. Le pillage de Mascara commença. A cette nouvelle,
Clauzel précipita sa marche, et entra dans la capitale de l'émir
le 8 décembre.
Mais on ne discernait pas encore à cette époque la nécessité de
la « présence ». Dès le 9, Clauzel quittait Mascara pour rentrer
à Oran, en passant par Mostaganem. Abd el Kader, qui avait été
complètement abandonné, retrouva des partisans. Il résolut de
s'emparer du Méchouar de |
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