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Ismaïl Major,
ne me disait-il pas : nous sommes aujourd'hui avec les
Français comme des frères » ?
Nous ne sommes pas sûr qu'il n'y ait eu quelque candeur de
la part du Roumi à croire l'affirmation trop flatteuse du
fonctionnaire indigène. Notre expérience, non pas seulement
de boursier en Algérie, mais d'étudiant ès-questions
coloniales, nous place plutôt aux côtés de M. Guillot,
professeur au Collège de Wassy, qui note, dans son très
vivant rapport, que les Arabes « se croient supérieurs
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aux Roumis par
leur religion et (qu'ils) peuvent tout se permettre
vis-à-vis d'eux à condition de ne ci pas être pris ». La
scène très pittoresque que M. Guillot a vécue dans le train
entre Alger et Oran, en dit long sur la fraternité relative
qui existe entre colons et indigènes, et nous souhaitons
comme lui de meilleures relations entre les deux populations
de la colonie. Faut-il conclure, comme le fait un peu
précipitamment M. Sautereau, professeur au Collège de Blois,
que l'Algérie est travaillée par des tendances autonomistes
et que « les indigènes réclament les droits politiques
qu'ils pensent avoir mérités par leur loyalisme et
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leurs services de guerre? » L'élite sans doute pense
ainsi. Mais la foule ? Qui peut, au reste, au moins chez les
Européens, se flatter de savoir au juste ce qu'elle pense, cette
foule ? Peut-être ne faut-il espérer un progrès en ce sens qu'avec
le temps et grâce à l'école.
Croyons-en un observateur très averti, M. Dontenville, Inspecteur
d'Académie de l'Allier, lorsqu'il écrit : « la francisation par
l'école est un magnifique succès de l'enseignement » et faisons avec
lui le voeu que cette conquête pacifique soit activement développée
et menée à bien...
Si les professeurs d'histoire et de géographie ont enrichi leur
bagage intellectuel d'impressions et d'observations les portant à
des conclusions assez différentes, conclusions, nous disent-ils,
qu'ils se garderont bien de présenter à leurs élèves comme étant
autre chose que des opinions personnelles, essentiellement
provisoires et révocables, tous expriment la certitude que leur
enseignement de l'histoire et de la géographie de l'Algérie sera
désormais plus précis et plus vivant. « Je me placerai donc
seulement au point de vue du professeur de géographie, déclare M.
Joxe, professeur au Lycée de Bar-le-Duc, je n'insiste pas sur la
plus grande facilité qu'il y a d'écrire ce que l'on a vu soi-même :
Alger la blanche descendant les degrés escarpés de sa haute colline,
la Kasba pouilleuse et bigarrée, le quartier juif à Constantine.
J'ai pu moi-même, dès cette année, m'apercevoir qu'un cours de 6e A
sur l'Égypte, et un autre cours en 6° et 2° sur le climat
désertique et la vie des oasis ont été rendus très vivants par le
seul fait que je connaissais moi-même les rigoles menant l'eau au
pied de chaque palmier, le grand nomadisme chamelier... » M.
Schneider, professeur au Lycée de Strasbourg, ne présentera pas
« ses
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