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vastes territoires sur les rives de l'Oubangui et du Chari, et il
pousse plus au Nord, jusque dans la haute vallée de la Sangha où
il entre en contact avec les Etats foulhés de l'Adamaoua.
Vers la même époque, les généraux Borgnis-Desbordes, Archinard
et Galliéni, après avoir atteint la vallée du Niger en partant du
Sénégal, lancent des explorateurs d'avant-garde, les Monteil, les
Binger, vers l'intérieur de la Boucle du Niger et jusque vers le
Tchad.
Toute cette fermentation, d'initiative individuelle plus encore que
de direction gouvernementale, se traduit par un état d'esprit
spécial. Le seul examen de la carte indique l'objectif commun à
atteindre pour les trois groupes de possessions qui dans le même
temps s'organisent, notamment après la prise de la Tunisie, les
campagnes du Dahomey et la pénétration pacifique en Guinée, en
Côte d'Ivoire et au Soudan. C'est le lac Tchad qui marque le point
de convergence virtuel de toutes ces lignes de forces. Le grand
explorateur Crampel, dans une lettre écrite peu de jours avant sa
mort, caractérisait ainsi l'objectif à atteindre pour tous : « En
dehors des résultats directs qu'il peut avoir, mon voyage - que je
réussisse ou que je meure - sera le symbole de ce que la France
doit exécuter dans l'avenir... Il faut une formule simple et un
fait qui la synthétise, la concrète, pour ainsi dire.
Eh bien! la réunion sur les bords du lac Tchad de nos possessions
de l'Algérie-Tunisie, du Soudan français et du Congo, sera cette
formule et mon voyage sera le fait symbolique. »
A Paris, le même idéal commençait à se faire jour dans le
magnifique milieu colonial du moment dont Gabriel Hanotaux et M.
Etienne, député d'Oran et plusieurs fois ministre des Colonies,
furent les directeurs moraux et dont le Comité de l'Afrique
française, créé en 1890 par le prince d'Arenberg et Harry Alis et
dirigé depuis par ce secrétaire général incomparable qu'est
Auguste Terrier, fut le propagateur, par le moyen du célèbre
bulletin du Comité.
Des missions s'organisèrent dans un esprit de fièvre ardente et
déjà l'on indiquait à chacune que l'idéal à atteindre serait la
convergence de tous vers le Lac Tchad.
Ce vaste mouvement d'opinion donna naissance en 1898 à
l'organisation simultanée de trois grandes missions auxquelles
était réservé l'honneur d'aboutir au triomphe de l'Idée.
C'étaient au départ de l'Algérie la mission saharienne
Foureau-Lamy - issue de Dakar, la mission |
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Afrique Centrale (d'abord mission Voulet-Chanoine) - enfin, en provenance du
Congo, la mission Gentil qui, dès 1897, avait déjà réussi à faire flotter
sur les étendues du Tchad le pavillon français.
La mission Foureau-Lamy eut un rôle essentiel dans la pénétration du Sahara
algérien. Elle démontra qu'au prix d'une organisation militaire sévère et
disciplinée, une petite troupe de 300 hommes bien armés pouvait affronter
sans crainte les pires périls du désert.
Les deux chefs, Foureau, déjà connu par ses explorations dans la région du
Grand-Erg et de Temassinin ; le commandant Lamy, âme d'explorateur et de
soldat, animé par un noble amour de la gloire, se rencontrèrent à Paris.
Leur choix se porta sur des collaborateurs d'élite : le capitaine Reibell,
les lieutenants Rondenay, Britsch, Métois, Verlet-Hanus, et tous ensemble
partirent d'un coeur ferme vers la grande aventure où étaient tombés tant
de leurs prédécesseurs.
On sait au prix de quelles fatigues et de quels dangers leur hardie tentative
réussit finalement. Les trois missions Foureau-Lamy, Voulet-Chanoine, Gentil,
parties vers la fin de 1898 de leurs ports d'origine, Alger, Dakar,
Libreville, trouvèrent des embûches variées, eurent à livrer dé nombreux
combats qui ne furent pas tous des victoires. En fin juillet 1899, en
particulier, il semblait bien que leur destin était réglé dans le sens du
plus misérable des échecs la colonne Foureau-Lamy, égarée dans la plaine
d'Irhaïen, était sur le point de mourir de soif - l'avant-garde de la
mission Gentil était anéantie - la mission Afrique Centrale était arrêtée
par la plus horrible des tragédies.
Cependant, deux mois après, la marche des colonnes reprenait vers le but, le
lac Tchad, et quelques mois plus tard, le 22 avril 1900, le commandant Lamy,
chef des troupes des trois missions enfin reconstituées et regroupées,
remportait à Kousseri, à quelques kilomètres du Tchad, une victoire
décisive qui soulignait de ses traits sanglants la réussite finale.
Désormais la question saharienne est entendue, Foureau et Lamy n'ont fait
sans doute que traverser le désert, mais derrière eux, la conquête presque
toujours pacifique des oasis sahariennes va être entreprise par le capitaine
Pein, les Cauvet, les Laperrine.
Derrière le premier, après son entrée à In-Salah, d'autre: colonnes
d'occupation se forment. Le Tidikelt tout entier est occupé en 1900 et dans
les années qui suivent le Touat
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