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   débattu à plusieurs reprises en plein Parlement et qu'il s'en fallut de peu que nos troupes ne fussent invitées à se réembarquer pour le continent.

Cependant, il était bien évident pour les bons esprits, que la France ne pouvait, après s'être engagée dans cette affaire, s'en désintéresser soudain. D'un côté, on pouvait estimer que son honneur, ou tout au moins l'amour-propre national, se trouvait engagé à la poursuivre. Qu'auraient dit les autres nations, si elles avaient constaté cette nouvelle preuve de « la légèreté et de l'inconstance du peuple français? D'ailleurs, dès le début, des intérêts nouveaux s'étaient créés dans la colonie. Des indigènes, des israélites s'étaient mis à notre service et compromis pour nous. La colonisation avait fait ses premiers débuts. Allait-on abandonner tout cela ?... Une fois de plus, une idée lancée avait abouti à une force irrésistible et on ne pouvait plus en faire fi. La France s'installa de plus en plus solidement dans sa nouvelle acquisition; l'histoire venait démontrer encore une fois que l'avenir est aux audacieux et aux entreprenants puisque aussi bien l'Algérie allait devenir, en moins d'un siècle, une partie intégrante et non la moins riche de l'Empire Français.

Mais de même qu'une fois le débarquement de Sidi Ferruch effectué, la France n'était plus libre de poursuivre ou non l'occupation du reste de l'Algérie - de même, ayant conquis le Tell et les Hauts-plateaux, elle allait se trouver en face d'un nouveau problème, celui du Sahara, dont elle ne serait plus maîtresse de se désintéresser.

Dans une première période qui s'étend de la conquête jusqu'en l'année 1852, l'Algérie resta coupée presque complètement du Sahara par les possessions plus ou moins temporaires des grands chefs arabes. Abd el Kader jusqu'en 1848, le bey de Constantine jusqu'en 1840, avaient fermé à notre activité les grandes rives sahariennes.

Mais déjà le désert attirait la curiosité de nos admi­nistrateurs et de nos soldats par les mystères de son immensité. De ces régions encore très fermées et lointaines, c'est à peine si quelques voyageurs arabes et deux ou trois explorateurs européens avaient levé un coin du voile. Laing avait été assassiné à Tombouctou; les récits de René Caillié, premier Français qui eût traversé le Sahara de bout en bout, étaient assez généralement mis en doute. Barth et ses compagnons d'exploration étaient occupés à pénétrer le mystère africain, mais le récit de leurs voyages n'avait pas encore été publié.
      

En haut: Un cône volcanique dans la Koudia, En bas: Entrée des gorges de Tahoulahoun

 
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