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quand les trognes à yatagan montent à l'assaut de la Kasbah. Et
rien ne vous écarte plus de l'art qu'un café de saveur bizarre,
déjà prometteur de l'autre monde.
L'architecture civile
Les meilleures oeuvres de l'époque sont les palais citadins et
les villas des champs. Le charme d'Alger, la douceur de son rivage,
la grâce onduleuse du Sahel enchantent les raïs qui, entre deux
expéditions, goûtent en hâte l'heure fuyante et légère. Ne se
balanceront-ils pas demain, cravatés d'une corde de chanvre, à la
plus haute vergue d'un navire? Position assez gênante pour jouir de
la Méditerranée. Vus des coteaux de Mustapha, les jeux brillants
de la mer latine paraissent beaucoup plus humains. Pour ces bons
corsaires. chaque minute est une goutte d'or. Ils veulent épuiser
toutes les voluptés. Et leur premier soin est de se ménager un
palais tranquille, où se savoure à lentes gorgées les délices de
la nonchalance.
Le palais du Bey de Constantine, El Hadj Ahmed, construit de 1826 à
1835, est d'un réel intérêt artistique. L'exécution en fut
confiée à El Hadj Djabri de Constantine et au Kabyle El Khettabi,
tous deux réputés pour leur expérience et leurs talents.
Lés bâtiments meublent un vaste rectangle, avec deux grands
jardins et cours intérieures. Le pavillon favori du Bey, entre les
deux jardins, est une pièce de 14m x 6m éclairée par 15
fenêtres. Galeries très spacieuses, bordées d'arcades en fer à
cheval brisé que soutiennent des colonnes en marbre. Faïences sur
les murs.
L'architecture civile sema à Alger de luxueux édifices. comme
l'Archevêché (Dar Aziza bent el bey), la Biblio. thèque Nationale
(Dar Mustapha pacha), l'Hôtel de la Division (Dar es-Soul),
l'Hôtel du Premier Président, etc...
Depuis Haëdo qui l'a décrite, la grande maison turque n'a guère
varié. Ne la jugez pas rébarbative; elle exprime deux choses:
d'abord, le soin jaloux dont l'Orient préserve son intimité,
portes massives, pièces d'attente, souci de mettre le gynécée à
l'abri des regards; - ensuite, le goût du confort paisible, de la
fraîcheur mélodieuse d'un jet d'eau, entre d'amusantes faïences
et des galeries qui apaisent le soleil. Allez par un lourd
après-midi de juillet à la Bibliothèque Nationale d'Alger, vous
comprendrez le dilettantisme exquis
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de ces corsaires que l'histoire a peut-être un peu trop
barbouillés de noir.
Voici le type à peu près général de la maison citadine. - A
l'entrée, sous un auvent de tuiles vertes, dans un cadre de marbre
ou de céramiques, lourde porte de bois sculpté avec deux heurtoirs
de bronze: celui du bas, pour les piétons, celui du haut pour le
visiteur à cheval (fig. 58). Après un petit vestibule, vient la sqiffa
: c'est une pièce
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