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Il était devenu banal, avant la présente guerre, de dire que l'Algérie est " une seconde France ", mieux encore, le prolongement de la France. Du point de vue politique et administratif, cet état de fait s'affirme par la division du territoire en trois départements : Alger, Oran et Constantine, soumis à l'autorité du Ministre de l'Intérieur et non à celle du Ministre des Colonies ou de celui des Affaires Étrangères, comme c'est le cas pour les pays de protectorat qui l'encadrent, le Maroc et la Tunisie. Au point de vue géographique, la distance entre la côte algérienne et la côte française n'est pas telle qu'on ne puisse en faire abstraction : lorsqu'il arrive à Marseille ou à Port-Vendres pour s'embarquer à destination d'Alger ou d'Oran, le voyageur parti de Paris a déjà parcouru, plus de la moitié du trajet, un peu moins de 700 kilomètres de traversée maritime lui restent à faire contre 756 kilomètres de parcours terrestre déjà couverts : quelques heures de paquebot, quelques quarts d'heure d'avion.

Alger. - Dans les jardins du Palais du Bardo

L'Algérie, c'est donc encore la France, mais c'est aussi la porte de l'Afrique française, ouvrant les voies d'accès à nos colonies du Centre africain. Cellule initiale de notre Empire colonial reconstitué de toutes pièces au XIXe siècle l'Algérie n'est pas un domaine colonial c'est depuis un peu plus de cent ans, une emprise de la France en terre africaine.
Mais, depuis qu'en juin 1940 la France avait déposé les armes et subissait le joug odieux des hordes hitlériennes, l'Algérie, ce n'était plus seulement le prolongement de la Mère patrie au-delà de la Méditerranée, la porte de l'Afrique française; elle était devenue la position de repli de la France ne se reconnaissant pas vaincue, la parallèle de départ d'où les Forces Françaises Combattantes groupées en A. O. F. à l'appel du général de Gaulle, après une épique et glorieuse traversée du Continent noir, se lanceront à l'assaut de l'Europe occupée pour la libérer. 

Alger. - Dans les jardins du Palais du Bardo.

L'Algérie de 1945, ce n'est plus une seconde France, c'est l'avant-garde de la France libre, de la France combattante; c'est sur son sol, abreuvé depuis cent ans et plus de sang français, qu'aux ordres de son chef, la division Leclerc, parvenue aux bords de la Méditerranée, ses drapeaux claquant déjà au vent de la victoire, prit l'élan décisif qui allait la mener à Paris et à Strasbourg; c'est sur son sol que se constitua, formée en grande partie d'éléments mobilisés dans les garnisons algériennes, cette 1re Armée française qui, en ce mois d'avril 1945 où j'écris, combat victorieusement bien au delà du Rhin après avoir libéré la France de Toulon à Wissembourg.
Tout cela, nul français n'a plus le droit de l'ignorer, encore moins de l'oublier. Tremplin, berceau de la victoire, c'est, tout simplement, la France.

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