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Mais, par la nature du vitrail, les
pleins l'emportent de beaucoup sur les vides; et sous la
lumière translucide du ciel pâle de l'Orient, les rayons
filtrés à travers le rouge des tulipes, le violet des
jacinthes, le jaune des oeillets, le blanc des anémones et le
vert des cyprès tombent, dans la nef en poudroiement d'opale,
d'or, de pourpre, de saphir et d'émeraude ; et c'est un jour
si assourdi et si mélancolique! Resserré dans l'étroitesse
de l'évidement, il semble venir de si loin ! Sous les
coupoles des tombeaux, son charme devient étrangement doux et
triste; et à l'éprouver, on se prend à regretter que
l'architecte n'ait pas davantage fermé ses nefs, pour les
éclairer de pareils vitraux. |
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III. - LA PHILOSOPHIE DE L'ART
ARABE DU VIIIe SIÈCLE DE L' HÉGIRE (XIVe SIÈCLE). |
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Et maintenant, quelles sensations
traverseront l'âme dans un tel temple ? L'élancement des
voûtes, la profondeur des nefs, le jour tombant librement
jusqu'au cœur du sanctuaire éveilleront d'abord en elle
l'idée d'un mystère calme, qu'aucun doute ne trouble, |
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qu'aucun drame ne traverse, qu'aucune souffrance ne torture,
qu'aucune épouvante ne borne, éternel, immuable, dans sa
sérénité.
Puis, la langueur du décor la pénètre : " Il n'est âme si revesche, a
dit Montaigne, qui ne se sente touchée à ouïr le son dévotieux des orgues
dans la vastité de l'église. " C'est une impression analogue que donne
l'ornementation de la mosquée au croyant ou à l'infidèle. A travers le
réseau des lignes polygonales, " la pensée - ainsi que je l'ai dit
déjà - erre sans savoir où se reposer, comme sous un labyrinthe. Quelle que
soit la route qu'elle prenne et le circuit qu'elle décrive, elle arrive à un
point identique à celui dont elle est partie, et quoi qu'elle fasse, elle y
revient. " Elle sent alors l'inéluctabilité des choses et ces lois des
devenirs éternels qu'avait si bien comprises la vieille Égypte. A chaque
pas, cette impression monte vers elle du sol, descend des murs, tombe des
voûtes et l'enveloppe de toutes parts. Chaque polygone, chaque arabesque,
chaque inscription la lui répète; et, vaincue, elle se plonge dans ce
mysticisme doucement résigné qui de tout temps a été le fond de la
croyance orientale.
C'est par là que les Arabes furent de puissants artistes. Par des rapports
de lignes, ils sont arrivés à dire les sensibilités cachées aux plus
profonds replis de l'âme humaine; et, ce problème résolu, ils ont su
affiner encore cette expression jusqu'à l'en rendre douloureuse. Le procédé
mis par eux en oeuvre pour y arriver a été fort simple. Parmi les formes
abstraites, ils ont choisi celles qui par leur régularité sont toujours
symétriques, et par conséquent toujours semblables à elles-mêmes; et de
là une idée d'éternité, d'autant plus forte que la figure sera un plus
grand nombre de fois reproduite. Mais ces figures, ils les réunissent par une
infinité d'assemblages où, des retours périodiques les ramènent
régulièrement à des places fixes; et de cette disposition naît l'idée
d'évolutions accomplies, d'autant plus sinueuses et d'autant plus subtiles
que le détail de l'assemblage sera plus ténu.
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