Pages précédentes L'ART ARABE  AL. GAYET LIVRE V. - CHAPITRE II. Pages suivantes
   Retour page Table des matières  
   
  
Fig. 109. Fig. 111. - Niche du mirhab de la mosquée d'EL-AINI, au Caire. (XVe siècle.)
Fig. 110.
 
Cette faveur, accordée à une ornementation d'où l'or était exclu, peut paraître au premier abord singulière. S'il en fut ainsi, c'est que, grâce à elle, quelques rares artistes que préoccupait l'état d'âme de leur temps avaient trouvé en elle cette langueur indécise qu'essayait de rendre par l'heptagone le polygoniste, ou le mosaïste par les lambris noirs et or. Les faïences d'El-Ghoury sont monochromes, ton sur ton; leur décoration composée de rosaces données par quatre plaques assemblées, en sorte que la répétition du motif fait tapisserie sur tout le pan de mur qui en est couvert (fig. 91 et 111bis). 
    

 

   
Parfois le zigzag fleuri des mosaïques d'El-Moyyed y reparaît ton sur ton encore, bleu, bleu foncé et bleu vert (fig. 111), avec sa monotonie pénétrante et triste. La gamme fondue des tons, la continuité du dessin, l'indécision des masses ont, dans l'un ou l'autre cas, une douceur inexprimable; quelque chose de vague qui fait comprendre quelle prise pouvait avoir un tel décor sur des esprits adonnés à toutes les angoisses de l'incertitude, alors que, plongés en pleine décadence, ils ne pouvaient plus espérer des jours meilleurs.
Fig. 111 bis.

Les verrières de cette période sont les plus artistiques que l'époque arabe ait produites. Les sujets ne sont pas variés, il est vrai; c'est toujours le cyprès et le bouquet de fleurs symboliques; mais les châssis sont sculptés en plein plâtre, et quelques-uns sont de vrais bas-reliefs, où la polychromie des verres met une arabesque lumineuse, changeante avec chaque heure du jour.

En première ligne, il faut citer les verrières de Barsébaï et de Kaïtbaï. Celles-ci, surtout, sont remarquables. Quelques-unes, entièrement garnies de vitraux d'une seule teinte vert pâle, jettent un jour livide dans la salle de la tombe. Sous les gouverneurs turcs, cet art ne cesse pas un instant de poursuivre sa route; et il y a peu d'années encore, la mosquée de Saïda-Zeïnab possédait deux ou trois panneaux qui ne le cédaient en rien à ceux de Kaïtbaï.

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes