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Mais leur fini, leur sûreté de touche laissent à supposer qu'ils n'étaient pas les premiers essais de l'ouvrier et que de longs tâtonnements avaient précédé cette habileté d'exécution.
Fig. 127. - Table du sultan Kalaoun. (Musée arabe du Caire.)

 Au XIIIe siècle, un grand nombre d'objets sont fabriqués par ordre des sultans et des émirs à Damas, à Mossoul ou en Égypte. Leur style est celui des œuvres persanes de la même époque : une ornementation d'inscriptions grêles où se jouent des arabesques et des entrelacs de la plus extrême finesse, si surchargées, si emmêlées que, sans le ton tranchant des ors, il serait souvent difficile d'en suivre les évolutions. On exécute ainsi des lampes, des vases de cuivre rouge ou jaune, des armes, des coupes de toute sorte; et à partir de cet instant chaque pièce est signée par le graveur.

C'est surtout par les couvres datées du règne du sultan Kalaoûn qu'on peut juger de la perfection à laquelle atteignit un instant la damasquinerie égyptienne, Beaucoup de vases aux armoiries du sultan sont entrés dans les musées d'Europe et les collections privées; au temps du souverain, ils étaient innombrables; je ne citerai que les principaux.

    

 

   

 Prisse d'Avennes a reproduit dans son grand ouvrage un flambeau de bronze damasquiné or et argent, pareil à certains flambeaux du moyen âge. Rien n'y manque, ni les trois pieds, ni la pointe destinée à recevoir la cire. Une inscription s'enroule à sa base sur des arabesques qu'enserre une bordure où sur un fond fleuri se détachent les canards passants, armes parlantes de Kalaoûn, séparés par des écus dorés portant le titre du sultan -- El-Melek-en-Nacer, " le roi victorieux ".

Les sedriehs de Kalaoûn ont été maintes fois décrits. Ce sont des bassins de cuivre dont le galbe a une grâce particulière. Quelques-uns sont ornés de poissons et d'arabesques; le plus grand nombre, d'inscriptions et d'entrelacs.

C'est au musée arabe du Caire que se trouve le chef-d'œuvre de la damasquinerie de cette époque, une table ayant appartenu à Kalaoûn. Le dessus est hexagone; sur des rinceaux découpés à jour, se profile une rosace à trente-six mailles, au centre de laquelle est un disque portant une inscription rayonnante et dont le milieu évidé laisse réapparaître le fond arabescal. Un double listel enferme le tout, chargé de quatre inscriptions séparées par des fleurons angulaires et d'un léger enroulement. Six grands fleurons flamboyants s'avancent du milieu des six côtés vers la rosace, et six médaillons cerclés d'or occupent chacun des six angles remplis par un treillis or et argent (fig. 126). Chacun des six panneaux latéraux (fig. 127) reprend ce décor et le transpose. Sur un réseau d'arabesques semblable celui du dessus de la table, se développe tantôt une rosace à douze mailles inscrite dans un cercle, tantôt un entrelacs dodécagone, autour duquel pivotent vingt-quatre hexagones à côtés égaux deux à deux. Au-dessus et au-dessous de ces deux polygones, trois médaillons s'enlacent reliés à la bordure; celui du milieu plus grand que les deux autres, tressé de feuillages, les deux autres timbrés de fleurons. 

 
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