On s'attendait à peu de résistance de la part des
Bougiotes, mais à une très-vive fusillade des Kabyles
voisins, qui ne manquèrent pas d'arriver au premier éveil.
Cette pensée fort juste avait déterminé le général à
brusquer le débarquement et l'attaque.
Dès que l'on fut à bonne distance, l'opération
s'effectua sous un feu presque insignifiant des forts auxquels
celui de notre escadre imposa promptement silence ; et les
premières compagnies prirent terre, malgré la fusillade des
Bougiotes, dont les intentions sérieusement hostiles ne
laissaient plus aucun doute. Néanmoins, tous les forts,
Abd-el-Kader, Moussa et la Casbah, sont enlevés facilement :
on les occupe, ainsi que la porte de la Marine. La journée du
29 est remplie.
Le 30, on reconnaît l'intervention successive des
contingents de la montagne au degré de résistance toujours
croissant que l'on rencontre sur la croupe Moussa et à
l'extrémité du plateau de Bridja. Pénétrant à leur gré
dans la ville par la porte Fouka (porte supérieure), qui
n'est point en notre pouvoir, les Kabyles se glissent dans les
jardins, dans les maisons, dans les ruelles dont
l'enchevêtrement leur est familier ; ils attaquent des
pièces que l'on conduit au fort Moussa. Pendant le nuit ;
leur audace redouble ; ils descendent jusqu'à la marine et y
tuent trois hommes aux compagnies de garde. L'inquiétude
commence à se faire sentir. Le général envoie demander
promptement des renforts à Alger. Des compagnies de la marine
débarquent.
Cette guerre de rues se prolonge trois jours, et, comme à
l'ordinaire, exalte la férocité du soldat.
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