Par exemple, dans la conjoncture
actuelle, rien ne ressemblait moins à l'initiative absolue du
grand chef arabe féodal, que l'assujettissement de l'amine
kabyle au vœu de ses électeurs.
D'une autre part, l'état sanitaire du petit corps
d'occupation s'aggrava insensiblement. Quoique le site de
Bougie fût réputé très-sain, les maladies sévirent avec
une intensité terrible, pendant toute la durée des chaleurs;
une situation journalière des malades, à la fin du mois de
juillet, donna : 337 à l'hôpital central, 84 à l'hôpital
externe, 687 aux infirmeries régimentaires ; total : 1,088,
c'est-à-dire, plus du quart de l'effectif.
Le service intérieur, devenu très-considérable par le
développement des ouvrages, absorbait une partie des valides
; on trouvait donc fort peu de monde à déployer en rase
campagne, et le moral avait quelque peu subi l'influence de
toutes ces causes énervantes.
Ainsi, l'improbabilité d'arriver à la paix par la
continuation d'une guerre offensive et l'affaiblissement trop
réel de la garnison, joints au scrupule de la fatiguer encore
plus , tels furent les premiers motifs qui condamnèrent à la
stérilité notre occupation de Bougie. Les Kabyles, eux, ne
se rebutaient pas : leurs agressions les plus fâcheuses
furent celles du 5 juin, du 23 juillet et du 9 octobre.
Déjà ils s'y étaient essayés le 8 mai, en se portant
sur les blockhaus supérieurs ; mais un feu bien nourri et
surtout un violent orage les avaient dispersés. Le 5 juin,
leur démonstration eut lieu du côté de la plaine. On
évalua le nombre des assaillants à 3,000 fantassins et 400
cavaliers. A la nuit tombante, quelques-uns des plus
déterminés franchissent le fossé de la redoute de la
plaine, escaladent le parapet et vont se rendre maîtres de
l'ouvrage ; plusieurs canonniers sont déjà tués sur leurs
pièces
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