Après ce discours, la gandoura,
les burnous et les riches présents furent distribués au son
de la musique, puis l'assemblée se sépara.
Rentré dans sa province, Ben Mahy-ed-Din ne tarda pas à
justifier, autrement qu'en paroles, la confiance du
gouvernement français.
Le titre de khalifa du Sebaou, qu'on lui avait donné, ne
représentait en rien son véritable commandement, puisque
aucune tribu du Sebaou ne nous avait encore fait sa
soumission. L'unique but de cette mesure, était d'opposer un
rival à Ben-Salem, qui tenait précisément d'Abd-el-Kader la
même dénomination.
Au reste, ces deux haines d'Arabes n'avaient pas besoin
d'être attisées. Or ne tarda point à savoir qu'un agent de
Ben-Salem, Abd-el-Kader-Btitt, avait été saisi dans le camp
de Ben Mahy-ed-Din, où il s'était introduit avec le dessein
d'assassiner ce chef. Des cavaliers l'amenaient à Alger,
lorsque l'habile malfaiteur parvint à rompre ses liens et à
s'échapper de nuit en emportant, comme trophée, la djebira
(1) d'un de ses gardiens.
Ben Mahy-ed-Din avait une autre manière de tuer son
ennemi. L'ordre établi partout, la parfaite sécurité des
routes, les transactions commerciales reprises sur une grande
échelle avec Alger, firent bientôt succéder la richesse et
la satisfaction aux misères dont les tribus n'avaient cessé
de gémir sous l'autorité de Ben-Salem. Le discrédit de ce
dernier fut aussi prompt qu'irréparable ; mais notre khalifa
ne gagnait point tout le terrain qu'il faisait perdre à son
prédécesseur. Des obstacles nombreux l'entouraient et il
était réduit à les combattre, sans aucune coopération de
notre part ; pas un poste français, pas un de nos
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