" Soyez justes, soyez
fidèles à la foi jurée, gouvernez avec modération,
gardez-vous des exactions, ne vous laissez jamais séduire par
nos ennemis, qui sont les vôtres, et la France vous
protègera !
" - Il en sera ainsi, s'il plaît à Dieu,
répondirent tous les chefs. Nous sommes prêts à mourir pour
vous, ajouta le jeune Ben-Zamoun.
Les trois aghas et les chefs secondaires, après avoir
juré sur le Koran, entre les mains du muphti, obéissance et
fidélité au Roi des Français, reçurent alors les uns leurs
brevets, les autres leurs burnous d'investiture.
En ce moment, le khalifa Ben Mahy-ed-Din pria le
lieutenant-général de lui accorder la parole pour adresser
quelques conseils à ses nouveaux collègues.
" Aujourd'hui, leur dit-il, vous jugez à quel point
les méchants vous avaient trompés. Les Français sont aussi
bienveillants pendant la paix que redoutables à la guerre.
Ralliez-vous franchement à eux ; et votre pays, que les
dissensions déchiraient, prospèrera. Si vous en voulez un
exemple, jetez les yeux sur celui que je gouverne. Les
Français, après la victoire, pouvaient vous prendre tout.
N'ont-ils pas respecté vos femmes, vos biens, votre religion
? Ici, comme autrefois, les musulmans n'ont-ils pas leurs
mosquées, leurs imams ? Ne rencontre-t-on point partout
justice pour le faible et pour l'opprimé ? Croyez-moi donc,
soyez fidèles aux Français, car le bien est avec eux !...
"
La physionomie de Ben Mahy-ed-Din, sans avoir rien perdu de
son calme ordinaire, et immobile pour un oeil peu scrutateur,
trahissait cependant, à celui d'un observateur attentif,
certains mouvements de glorieuse satisfaction.
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