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L'Espagne,
maîtresse d'une grande partie des côtes de l'Algérie,
voyant les chefs locaux s'adresser à elle contre leurs
compétiteurs, aurait pu profiter de l'anarchie du pays pour
l'occuper tout entier. Mais, au lieu de prendre les ports
comme bases de pénétration vers l'intérieur, les
Espagnols s'y tinrent enfermés derrière de puissantes
murailles.
Ce système d'occupation restreinte, dont la France devait
renouveler, trois siècles plus tard, la triste expérience,
eut ses résultats ordinaires. |
Les Espagnols furent bientôt
assiégés et comme emprisonnés dans leurs places fortes
par les tribus du voisinage, réduits à tout faire venir
d'Espagne, même l'eau douce.
Les difficultés de la navigation pendant l'hiver et surtout
la négligence de l'intendance réduisaient parfois la
garnison à l'extrême misère. « A Bône, dit un rapport
officiel, les soldats n'ont plus de quoi acheter une
sardine; à Bougie, on doit dix-huit mois de solde aux
troupes et les hommes désertent pour aller aux Indes ; au
Penon, on était en train de mourir de faim quand un
vaisseau chargé de blé est venu s'échouer devant le fort.
Tout va bien maintenant, mais il ne faudrait pas continuer
de tenter Dieu. » Le capitaine-général, qui avait le
commandement suprême de l'armée et des fortifications,
était doublé d'un corrégidor royal, sorte de gouverneur
civil, qui était chargé d'assurer la solde, les
approvisionnements et de rendre la justice. Entre ces deux
pouvoirs rivaux, la lutte fut incessante jusqu'au moment où
le roi, en 1535, se décida à supprimer le corrégidor. Les
Espagnols se laissèrent d'ailleurs détourner de leurs
entreprises africaines par les guerres d'Italie. Le pays
leur échappa économiquement et politiquement; les
indigènes reprirent peu à peu courage; il leur vint
d'ailleurs un secours inattendu, celui des Barberousse, qui,
avec quelques milliers d'hommes, allaient se rendre maîtres
de l'Algérie. |
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LES BARBEROUSSE ET LA
CONQUÊTE TURQUE |
Au commencement du
seizième siècle, parmi les corsaires fameux de l'archipel
figuraient les fils d'un potier de Métélin, Elias, Ishak,
Baba-Aroudj et Kheir-ed-Din. |
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