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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
  
ils furent précédés dans cette voie par les républiques et les principautés italiennes.
 

LES RELATIONS ANTÉRIEURES AU SEIZIÈME SIÈCLE

 
La fin du dixième siècle ayant coïncidé avec l'affaiblissement des empires musulmans d'Afrique et d'Espagne, Gênes, Pise et Venise s'efforcèrent d'en profiter pour établir leur influence commerciale dans la Méditerranée. Les Provençaux, les Languedociens et les Catalans ne tardèrent pas d'ailleurs à prendre leur part de ce négoce, soit en s'associant avec les Italiens, soit dans des entreprises détachées, de telle sorte qu'il n'est pas toujours facile de distinguer dans ce domaine l'œuvre de chacune des cités méditerranéennes.
Les chrétiens étaient en général bien accueillis par les souverains musulmans. Les Beni-Hammad, en particulier, les attirèrent d'abord à la Kalaâ, puis à Bougie lorsqu'ils y eurent transporté leur capitale. En-Naceur entra en relations avec le pape Grégoire VII, lui envoya de riches présents, et libéra pour les lui remettre tous les captifs chrétiens qui se trouvaient dans ses États; le pape répondit par une lettre très affectueuse (1076). Les Almohades n'étaient pas moins tolérants et avaient des milices composées de chrétiens.
En 1167, les Pisans conclurent un traité de commerce avec l'émir de Bougie, puis ce fut le tour des Génois, des Vénitiens et des Florentins. Narbonne, Montpellier, Arles, Marseille rivalisaient avec eux. " Montpellier, écrit Benjamin de Tudèle vers 1170, est un lieu très favorable au commerce, où viennent trafiquer en foule chrétiens et sarrasins, où affluent des Arabes du Garb. " Il y avait plus de 300 maisons juives à Narbonne. Les statuts municipaux de Marseille de 1228 attestent des relations régulières de cette ville avec l'Afrique. Les négociants marseillais faisaient la banque et le change; les Manduel en particulier, au treizième siècle, commanditaient de nombreux navires et se rendaient parfois eux-mêmes dans les ports africains. On voit des Provençaux associés à des Juifs africains, plus rarement à des musulmans. Les navires étaient groupés par caravanes à la mode italienne; le départ avait lieu en avril, le retour en automne, le trafic étant interrompu pendant l'hiver. Le traité de 1270, signé par Philippe le Hardi après la mort de saint Louis à Tunis, consacre les premières relations de la royauté française avec le Maghreb et garantit à toute la chétienté les privilèges concédés jusqu'alors aux seules républiques italiennes.
Les conventions commerciales entre chrétiens et musulmans sont conçues à peu près toutes sur le même modèle. Elles stipulent la sécurité des personnes et
 
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