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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
Les chefs militaires sont assez souvent sévères dans les jugements qu'ils portent les uns sur les autres. Pélissier, qui en voulait d'ailleurs à Randon d'avoir été nommé au poste de gouverneur, que lui-même comptait occuper, l'a apprécié sans indulgence : "C'était, disait-il, un petit cœur, un petit esprit, un petit caractère; " assertion injuste, à laquelle il faut préférer celle de Guizot, qui le peint comme " un homme de bien, d'ordre, de sens et de justice ". Ce n'était pas un sabreur, on ne cite de lui aucun trait d'héroïsme, aucune action d'éclat, aucune parole lapidaire. Son caractère se reflète dans sa physionomie calme, aux lignes régulières. Il était honnête, sage, bon administrateur, un peu terre à terre et sans beaucoup d'envergure; méthodique et prudent, il ne laissait rien au hasard; il n'avait assurément pas le génie militaire de Bugeaud. Il a pacifié le Sud, sur lequel il se faisait d'ailleurs de grandes illusions, soumis la Kabylie, donné une vive impulsion aux travaux publics, continué autant que possible l'œuvre de Bugeaud en ce qui concerne la colonisation, qui répondait à ses idées personnelles mais qui était devenue impopulaire.
 

NAPOLÉON III ET L'ALGÉRIE

 
Napoléon III semble n'avoir jamais eu pour l'Algérie qu'une sympathie assez médiocre. Il avait dit, dans une lettre adressée à Persigny : " L'Algérie est un boulet attaché aux pieds de la France " ; il ne semble avoir été frappé ni de l'avenir commercial et colonial du pays, ni de la mission de civilisation à remplir vis-à-vis des indigènes. Dans le discours de Bordeaux, cependant, il parle de cette contrée comme d'un vaste royaume à annexer à la France : phrase destinée à satisfaire les négociants des grands ports de commerce plutôt que les Algériens; ceux-ci néanmoins accueillirent ces paroles avec satisfaction. Mais, par ses origines et ses tendances, le gouvernement impérial ne devait avoir pour l'Algérie qu'une bienveillance limitée. Dans les conflits entre les militaires et les colons qui prirent tant d'acuité sous le Second Empire, il était porté à prendre parti pour les militaires. D'autre part, il y avait parmi les colons algériens beaucoup de républicains avancés qui demeuraient hostiles à l'Empire et à l'Empereur.

L' Empereur s'inquiétait de voir que la défense de l'Algérie immobilisait 60 000 hommes qui pouvaient faire défaut en Europe. Sur ce point, ses idées se modifièrent à la suite de la guerre de Crimée, où l'armée d'Afrique et ses chefs jouèrent un rôle considérable et glorieux. Un drapeau fut offert par la population indigène aux tirailleurs qui pour la première fois allaient combattre hors de l'Algérie :

 
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