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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
   En 1832, Randon soumit au gouvernement deux projets d'expéditions, l'un contre Collo, l'autre contre la Kabylie du Djurjura et insista vivement pour l'adoption du second; mais le ministre préféra le premier. On se borna à des travaux de routes, destinés à resserrer le blocus autour des Zouaoua. En 1853, l'expédition du Djurjura fut encore ajournée et deux colonnes, commandées par Mac-Mahon et Bosquet, opérèrent seulement dans la Kabylie des Babors, entre Sétif et la mer.
En 1854 eurent lieu d'importantes opérations dans la vallée du Sebaou. Mac-Mahon, par une marche audacieuse, à travers des difficultés matérielles de toute nature, pénétra au cœur de la Kabylie et occupa le Sebt des Aït-Yahia. Le lendemain 17 juin, son camp était attaqué par plusieurs milliers de Kabyles Aït-Menguellet, dont on obtint la soumission après de violents combats. La campagne avait coûté 900 officiers ou soldats tués ou blessés.

L'expédition de 1854 est, après celles de 1844 et de 1847, le troisième coup porté à la Kabylie. Grâce à cet acte de vigueur, la tranquillité ne fut pas sérieusement troublée pendant la guerre de Crimée, malgré la réduction des effectifs de l'armée d'Afrique. Mais la situation européenne obligeait évidemment à ajourner toute opération importante. On se borna à faire des études préparatoires sur le pays, sa population, sa constitution sociale, à exécuter de nouveaux travaux de routes et des ponts sur le Sebaou, à renforcer les postes de Tizi-Ouzou et de Dra-el-Mizan. En 1856, une vive agitation, dont le centre était la zaouïa de Sidi-Abd-er-Rahman-bou-Kobrin, chez les Guechtoula, se manifesta en Kabylie; El-Hadj-Omar, oukil de cette zaouïa très vénérée des Kabyles, remplaça à la tête du parti de la résistance le chérif Bou-Baghla, tué l'année précédente; il essaya vainement de s'emparer du poste de Dra-el-Mizan. Les troupes qui commençaient à rentrer de Crimée furent envoyées en Kabylie et opérèrent dans la région de Boghni avec Yusuf et Renault. " Nous ne pouvions, dit Randon, continuer plus longtemps cette guerre d'observation. C'était à la fois faire preuve d'impuissance vis-à-vis des Kabyles et accroître la confiance qu'ils avaient dans leur force. Les expéditions des années précédentes nous avaient donné une connaissance exacte du pays. Les régiments arrivant de Crimée formeraient des têtes de colonnes incomparables. Si on différait, la réduction des effectifs de l'armée, la libération des vieux soldats, le remplacement des anciens régiments par de nouveaux constitueraient un état de choses différent et des conditions moins favorables. "

Le ministre de la Guerre montrait encore quelques hésitations. Randon, récemment promu maréchal de France, se rendit a Paris et réussit à convaincre l'Empereur, qui ordonna l'expédition du Djurjura pour le printemps de 1857.

 
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