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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
   Le 24 mai, les trois divisions parties de Tizi-Ouzou commencèrent à gravir les rudes escarpements du massif des Aït-Iraten ; la distance à franchir n'était que de quelques kilomètres, mais la différence de niveau atteignait plus de 800 mètres. Les Kabyles, profitant avec un instinct merveilleux des obstacles naturels, y avaient ajouté une série de retranchements et défendirent énergiquement leurs villages, qu'il fallut enlever à la baïonnette après des combats corps à corps. Cependant le soir les troupes occupaient les crêtes jusqu'à une portée de canon de Souk-el-Arba.

La lutte recommença le 25 avec le même acharnement. Mais, vers trois heures de l'après-midi, on vit les Kabyles se disperser dans toutes les directions en déchargeant leurs fusils; c'étaient les contingents fournis par les autres tribus que les Ait-Iraten renvoyaient chez eux. Le lendemain, eux-mêmes, ayant perdu 1 800 hommes, entraient en pourparlers et faisaient leur soumission. Ils reconnaissaient l'autorité de la France, s'engageaient à payer une contribution de guerre et à livrer des otages; ils consentaient à ce qu'on élevât des bordjs dans leur pays; dans ces conditions, ils obtenaient de conserver leurs institutions municipales, leurs djemaâs, leurs amins et leurs kanouns, auxquels ils étaient si passionnément attachés.

Randon décida d'élever à Souk-el-Arba un fort permanent, auquel il donna le nom de Fort-Napoléon; c'était " une épine plantée au cœur de la Kabylie n, qui verrait ainsi gravée sur son sol notre volonté de conserver notre conquête. Le 14 juin, jour anniversaire du débarquement des Français à Sidi-Ferruch, la première pierre fut posée et avant l'automne, l'enceinte et le casernement étaient terminés. En dix-huit jours, une route de 25 kilomètres, dans ce pays prodigieusement difficile, fut construite de Tizi-Ouzou à Souk-el-Arba sous la direction du général de Chabaud-Latour, travail qui compte parmi les plus beaux qu'ait accomplis l'armée d'Afrique.

La tribu la plus puissante avait posé les armes ; d'autres encore restaient debout et le 24 juin nos troupes se remettaient en mouvement. Les Kabyles s'étaient concentrés à Icheriden, village qui barre le passage de l'Arba des Aït-Iraten au Sebt des Aït-Yahia ; ils y avaient élevé des retranchements faits avec beaucoup de soin et d'intelligence; Mac-Mahon livra là un des plus rudes et des plus sanglants combats qu'il y ait eu en Afrique. Le lendemain, les divisions Yusuf et Renault s'emparaient des villages des Aït-Yenni sans rencontrer beaucoup de résistance, en même temps que la colonne Maissiat faisait son apparition au col de Chellata. Les tribus, acculées au Djurjura, n'avaient plus qu'à se soumettre. Les dernières qui firent parler la poudre furent les Aït-Ithourar, les Illoul-ou-Malou et les Illiten, les plus sauvages du Djurjura, qui habitent à l'est du col de Tirourda.

 
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