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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
  
Ils voyaient partout l'insulte et la menace prodiguées aux officiers français auxquels ils étaient habitués à obéir. Khelass-el-hakouma, il n'y a plus d'autorité, disaient-ils. Dans les campagnes, les tribus s'armaient, les impôts commençaient à rentrer difficilement, on mettait le bétail à l'abri dans les montagnes. Bientôt, à l'imitation des grandes villes françaises, les indigènes formèrent des chertiya ou conventions pour surveiller leurs caïds.
 

LES DÉCRETS D'OCTOBRE 1870

 
Pendant ce temps, le gouvernement de Tours ou plutôt l'un de ses membres, M. Crémieux, élaborait de nombreux décrets destinés à réorganiser et à transformer l'Algérie. M. Crémieux avait fait plusieurs voyages en Algérie; il y avait plaidé et même gagné plusieurs procès; il croyait très bien connaître le pays. Ce qui est incontestable, c'est son dévouement ardent, passionné aux intérêts algériens et les intentions excellentes dont il était animé. Ses collègues, assaillis de préoccupations de toutes sortes, s'en remirent complètement à lui de tout ce qui concernait l'Algérie; il fut le seul auteur des décrets d'octobre et en revendiqua d'ailleurs l'entière responsabilité. Il ne consulta personne, à ce qu'il semble, et ne prit même pas l'avis des préfets. Il donna audience à une délégation algérienne, mais ne tint pas grand compte des observations qu'elle lui présenta. Gambetta lui écrivit pour lui demander de se hâter : " Mon cher maître, lui disait-il, je vous prie de faire insérer immédiatement au Moniteur les décrets relatifs à l'Algérie. Il est impossible de prolonger plus longtemps l'attente des délégués de l'Algérie. "

Le programme de Crémieux était fort simple, du moins en apparence et tenait en peu de mots. " Détruire le détestable régime militaire, fléau de notre riche colonie et y substituer le gouvernement civil, assimiler en un mot complètement l'Algérie à la France, " tel était le but qu'il se proposait. Pendant les cinq mois qu'il fut au pouvoir, il ne prit pas moins de cinquante-huit décrets concernant toutes les branches de l'administration algérienne; quelques-uns de ces décrets ne furent d'ailleurs jamais appliqués, d'autres furent rapidement abrogés.

Le décret du 24 octobre 1870 bouleversa tout ce qui touchait au gouvernement de l'Algérie. Le gouverneur, le sous-gouverneur, le secrétaire général, le conseil supérieur, le conseil de gouvernement furent supprimés : " L'Algérie, disait le décret, renferme 3 départements, ce qui établit 92 départements dans la République française. "

 
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