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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
  
Les 5 000 Alsaciens d'Algérie n'ont pas été inutiles pour maintenir dans la France nouvelle l'équilibre français; grâce à eux, quelque chose des aspects et des usages de l'Alsace revit sur ce sol lointain.

LES AUTRES CONTINGENTS

L'émigration alsacienne-lorraine ne constituait pas, il s'en faut de beaucoup, l'unique source de recrutement de la colonisation officielle. Dans les quatre années 1871-1874, les plus actives de l'œuvre de peuplement, elle ne figure que pour un peu plus de 50 pour 100 dans le total des concessionnaires émigrants et elle diminue très rapidement à partir de cette date.
Les nouveaux contingents furent recrutés un peu partout, mais surtout dans les provinces méditerranéennes; leur régime était celui du titre II du décret du 10 octobre 1871 : concession gratuite et obligation de résidence; on les mêla d'ordinaire aux Alsaciens-Lorrains. Une question nouvelle commençait à se poser à cette époque, celle de la part à faire aux Algériens dans les concessions. De 1871 à 1874, ils en reçurent 2 835 contre 2 070 aux immigrants. Il est à la fois utile et juste de donner dans chaque village un certain nombre de concessions à des cultivateurs algériens laborieux et entendus, qui sont un excellent exemple à mettre sous les yeux des nouveaux venus. Mais par contre, ils ne renforcent pas le peuplement de la colonie; leur installation n'est qu'un déplacement.
En deux ans, 1872 et 1873, il n'a pas été créé ou agrandi moins de 84 centres et groupes de fermes. A leur peuplement se joint, sous le régime de l'obligation de résidence, celui des derniers centres créés par le Second Empire et délaissés par les acheteurs. C'est un effort énorme qui surprend et déborde quelque peu le personnel administratif et technique. Il faut ouvrir des chemins d'accès, déterminer l'assiette des villages, assurer leur alimentation en eau potable, effectuer des travaux publics de toutes sortes. Malgré la bonne volonté générale, il arrive parfois que les travaux ne sont pas finis quand les colons arrivent. Les oscillations de la politique de l'Algérie ont trop souvent la même brusquerie que celles de son climat; en 1872 comme en 1845 et en 1848, on avait, semble-t-il, dépassé la mesure de ce que la colonie pouvait absorber comme immigration. On s'en prit à l'amiral de Gueydon des mécomptes éprouvés. Gambetta lui rendait meilleure justice en déclarant que seules les choses faites par lui avaient duré, et un publiciste algérien convenait que le gouverneur qui avait le plus fait pour la colonie avait été précisément celui dont elle attendait le moins. Tel sera aussi le jugement de l'histoire.
 
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