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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
   L'acte d'Algésiras du 7 avril 1906 avait d'ailleurs reconnu " la situation spéciale faite à la France au Maroc par la contiguïté sur une vaste étendue de l'Algérie et de l'empire chérifien, et par les relations particulières qui en résultent entre les deux pays limitrophes. " Par ces dispositions, la portée des accords de 1901 et de 1902 se trouvait sensiblement accrue. L'Algérie pouvait en tirer une amélioration notable de sa position vers l'Ouest. Elle s'y employa avec succès de 1907 à 1910.
M. Jonnart estima que, pour y parvenir, l'unité d'action politique et militaire était indispensable et proposa de confier au général Lyautey le commandement de la division d'Oran, en même temps qu'il resterait à la tête du territoire d'Aïn-Sefra. Toute une série de vexations et de mauvais procédés de la part des autorités chérifiennes rendirent nécessaire l'occupation d'Oudjda, qui fut effectuée le 29 mars 1907. Cette occupation ne donna pas les résultats qu'on aurait pu en attendre en raison des restrictions qui y furent apportées, la colonne expéditionnaire ayant reçu l'ordre de ne pas dépasser un rayon de 10 kilomètres autour de la ville. M. Jonnart réclama en vain l'occupation de Cheraâ pour contenir les populations voisines. L'agitation croissante aboutit à une violation du territoire algérien dans la région du Kiss. Il fallut se décider à intervenir chez les Beni-Snassen ; l'opération, remarquablement conduite par le général Lyautey, aboutit en quelques semaines à la soumission de 30 000 Berbères.

L'affaire des Beni-Snassen était à peine terminée que, pour la première fois depuis 1903, la situation dans l'Extrème-Sud redevenait inquiétante. Au cours de l'année 1908, des harkas considérables, fanatisées par des marabouts, se rassemblèrent au Tafilelt et vinrent nous attaquer dans le Sud-Oranais ; la riposte à leurs agressions nous conduisit sur le Haut-Guir ; la harka fut repoussée près du ksar de Bou-Denib, où une garnison fut laissée; le ter septembre, dans un blockhaus voisin du ksar, 75 hommes commandés par le lieutenant Vary se défendirent héroïquement pendant dix-huit heures contre les attaques furieuses de 20 000 Marocains. Quelques jours après, la colonne Alix mettait la harka en pleine déroute à Djorf et la poursuivait jusqu'à Toulal. Cette victoire arrêta le mouvement de guerre sainte qui avait précipité sur nous les Beraber et laissa aux indigènes une très vive impression de terreur et de découragement. Le sentiment de force irrésistible qu'avait donné aux Marocains la défaite des harkas de 1908 fut malheureusement un peu atténué par l'affaire d'Anoual, où une de nos reconnaissances subit le ter décembre un échec qui nous fut infligé par les Aït-bou-Chaouen. L'effort militaire que ce soulèvement, succédant à celui des Beni-Snassen, avait rendu nécessaire, montrait que, sur toute la frontière algéro-marocaine, du Kiss au Guir, une grande vigilance était plus que jamais indispensable.

 
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