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SOUK-AHRAS, L'ANTIQUE THAGASTE ET ST-AUGUSTIN
 

Souk-Ahras, avant l'occupation française, était sous la domination de la puissante tribu berbèredes Hanencha. En 1885 quelques colons vinrent s'y installer. C'était déjà, à cette époque, un important marché de céréales, maintenant, le point de croisement des routes de Souk-Ahras a Aïn-Beïda, de Bône à Ghardimaou, de la Calle à Tébessa. Le trafic par voie ferrée y est fort actif, lorsqu'au transport des céréales s'ajoute celui des phosphates, des minerais de fer et des calamines provenant de ces riches régions minières.

Eaux chaudes de Hammam-Saïd à 15 kilomètres. Ruines de Khemissa à 40 kilomètres et de Madaure à 28 kilomètres.

A Thagaste, municipe romain, s'unit étroitement le souvenir du grand africain, de Saint-Augustin, dont la figure éternellement vivante domine tous ces pays numides.

Louis Bertrand, par les voies les plus directes en étudiant, sans commentateur interposé, l'œuvre immense de Saint-Augustin, a vraiment pris contact avec " une des créatures les plus humaines et les plus divines qui soient passées par nos chemins ".

Saint-Augustin naquit à Thagaste, le 13 novembre 353 de l'ère du Christ. Il était le fils de Monique chrétienne, et de Patricius, de religion païenne et vivant de sa charge de curiale et de vingt-cinq arpents de terre où poussaient des vignes et des arbres fruitiers. Louis Bertrand, de main de maître, trace un tableau du municipe : " Thagaste donne une impression de fraîcheur... avec ses montagnes boisées couvertes de pins, " de chênes-lièges et de chênes-zéens, l'aspect est celui d'une contrée montagneuse et forestière"... C'est un contraste frappant avec la Numidie Sétifienne, pays à céréales.

A Thagaste, le jeune Augustin allait à l'école où il redoutait la rude férule du maître. Puis, devenu adolescent avec une âme vibrante ouverte à tous les charmes de la nature, il partit pour Madaure distante de 10 km. Il a écrit cette pensée qui donne la mesure de sa sensibilité : " Si les choses sensibles n'avaient pas une âme, on ne les aimerait pas tant... "

Il aime la lumière, l'harmonie des lignes et la splendeur du coloris. A Madaure, ses regards étonnés s'arrêtent sur les monuments, sur le forum et les statues. La statue d'Apulée, l'attire surtout. Là, des maîtres l'initient aux œuvres latines de la belle époque. Il y goûte un plaisir intense. Le voici à Carthage, l'une des cinq grandes capitales de l'Empire. Après un long séjour à Rome, à Milan, en Lombardie, sur le point de s'embarquer à Ostie, il assiste aux derniers moments de sa mère Monique dont les restent furent inhumés dans la nécropole du port de Rome.

Saint-Augustin, devenu moine, revint à Thagaste où il fonda un couvent pour y vivre loin du bruit des hommes. Et cependant il reprit la lutte contre les schismatiques et les imposteurs.

 
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