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Comme contribution à l'histoire du vieil Alger, ajoutons quelques détails qui intéresseront le lecteur disposé à faire quelques incursions dans le passé :

De 1618 à 1634, 80 navires français et 1330 marins furent capturés et 2.000 personnes de même nationalité furent réduites à l'esclavage.

Le jeune capitaine marin Porçon de la Barbinais de Saint-Malo (1639-1665), pris par les corsaires, reçut la promesse qu'il aurait la vie sauve à la condition qu'il obtiendrait de Louis XIV des engagements à l'égard du Dey. Porçon de la Barbinais partit et se heurta en France à un refus formel. Fidèle à son serment, il revint à Alger où il fut décapité. Ce fut un nouveau Régulus.

 

Regnard, notre poète comique (1665-1709), auteur du Joueur, du Distrait, du Légataire Universel, à son retour d'Italie, avec la dame de ses pensées, fut capturé le 4 octobre 1678 et amené à Alger, où, esclave, il fut élevé à la dignité de cuisinier chez un certain Achmet Talem qui habitait quelque part du côté de la rue de la Marine.

Il fut racheté avec Fercourt de Beauvais par le père Jean le Vacher. Dans la Provinciale, roman écrit en 1689 par Regnard, nous espérions trouver quelques notes intéressantes sur sa captivité et l'esclavage à Alger. Il n'y est question que des effusions édulcorées d'un amoureux transi.

 

Parmi les captifs, le plus célèbre est Cervantès, auteur de Don Quichotte de la Manche (1547-1616). Il prit part à la bataille de Lépante (7 octobre 1571). En 1575, il fut capturé par les corsaires et subit à Alger une dure captivité de cinq années, de 1575 à 1580. Il tenta de s'évader et se réfugia dans une grotte qui domine notre jardin d'Essai, sur les côteaux de Mustapha. Trahi par un jardinier qui était dans la confidence, il dut réintégrer sa prison. Il ne fut libéré qu'en 1580, grâce à l'intervention des religieux de la Trinité qui payèrent pour lui une somme de 600 ducats.

 

Les esclaves étaient divisés en deux catégories, les esclaves de travail et les esclaves de rançon. Les premiers étaient occupés aux travaux les plus durs ou ramaient sur les galères ; les seconds représentaient pour leurs maîtres un capital important. Leur rançon était payée soit par leurs familles, soit par des religieux dont la préoccupation principale était l'amélioration du sort des captifs ou le rachat de ces malheureux. Leur valeur en argent figurait dans l'estimation des prises. Parmi ces derniers se trouvèrent aussi Paul Isle, seigneur de Quinée, et Jean Galèze d'Orthez en Béarn.

 
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