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Le pays, désormais, était ouvert aux Turcs entre les mains desquels tombaient Bougie, Tunis, et, à l'Ouest, Mostaganem, Tlemcen et le pays jusqu'à Fez.

Ce fut le début de l'Odjak, de la République militaire qui dura trois siècles jusqu'en 1830. Elu par les janissaires, le Dey nommait lui-même les trois Beys de Constantine, de l'Ouest et de Titteri. Trois Ministres l'assistaient : le Khaznadji pour les finances, l'Agha pour la guerre, l'Oukil-el-Hardji pour la marine.

Pendant ces trois siècles, dans la Méditerranée et même au-delà, la piraterie eut libre cours, sous la conduite des corsaires ou des Raïs presque tous installés dans des maisons dont quelques-unes bien bâties et luxueuses, dans le quartier Nord de la ville d'Alger.

La piraterie ne tarda pas à être organisée méthodiquement et suivant des règlements administratifs.

Les impôts rentraient mal, ou bien on ne les payait pas ou encore les agents du fisc s'en attribuaient une part copieuse. Les corsaires furent chargés de combler les déficits. Les chébecs, les barques, les galiotes, les galères entraient en action et écumaient les mers. Le règlement des prises était établi de la façon suivante :

Au retour des courses, les cargaisons et les esclaves étaient mis en vente et la répartition du produit brut avait lieu dans les conditions ci-après (d'après les recherches faites par Stanislas Millot, capitaine de corvette) :

  1° Droit fixe du cinquième au profit des oeuvres religieuses et charitables... (La philanthropie ne perdait pas ses droits (ô ironie !) ;
2° Un pour cent pour les droits de port ;
3° Droits au profit des agents divers préposés aux opérations de la vente ;
4° Primes d'abordage aux matelots qui, les premiers, avaient bondi sur le navire abordé ;
5° Prime de vigie aux hommes qui avaient signalé le navire ;
6° Droits d'expertise et d'inventaire au profit du Divan ;
7° Frais de la vente ;

Le reste, soit le produit net, revenait par moitié au propriétaire du navire capteur, à l'état-major et à l'équipage.

La piraterie rentrait dans la catégorie des recettes légales.

 
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