Page précédente Alger et l'Algérie- Charles de GALLAND Retour page Table des matières Chapitre I - Les Grandes Étapes de l'Histoire Page suivante
     
  

En 1541, Charles-Quint, avec 15 navires, 451 transports, 13.000 marins et 24.000 soldats, tenta contre Alger une expédition malheureuse. Des Chevaliers de Malte, commandés par Durand de Villegaignon et Savignac de Balaguer, faisaient partie des troupes de débarquement. Ils contribuèrent, dans la mesure de leurs moyens et avec le plus grand courage, à protéger la retraite de l'armée en déroute.

DOMINATION TURQUE

 

Soudain apparurent deux hommes, deux aventuriers, de caractère fortement trempé, sans peur en face du danger, sans hésitation devant le parti à prendre : Aroudji et Kheir-ed-Dinn, deux frères d'égale valeur, étonnants l'un et l'autre. Ils étaient originaires, dit-on, de Lesbos. On a eu tort de les assimiler à de vulgaires pirates. Ils en avaient peut-être les instincts, mais ils possédaient aussi la sûreté de vue et l'ampleur dans les conceptions ; et, par des coups de maître, ils en fournirent les preuves. Avec quelques galiotes armées pour la course, ils tentèrent de reprendre Bougie aux Espagnols en 1514. Aroudji y laissa un bras et dut se réfugier à Djidjelli. C'était débuter par un échec. A Djidjelli, Aroudji et Kheir-ed-Dinn reçurent des habitants l'accueil le plus favorable. Ces Djidjelliens, non sans orgueil, comme de nos jours, se réfèrent à des origines aristocratiques et quelques-uns d'entre eux portent le nom de " Bourbouns " comme s'ils étaient issus des Bourbons de race royale.

Courte fut la durée du séjour de ces condotieri dans le petit port de Djidjelli. Ils avaient hâte de tendre vers des destinées plus hautes. Kheir-ed-Dinn, étant déjà maître d'Alger, son frère Aroudji marcha à la conquête de Tlemcen dont il s'empara. Les Espagnols, installés à Oran, envoyèrent contre lui des troupes commandées par le Marquis de Comarès. Aroudji et ses contingents furent défaits et le Chef qui avait trop présumé de ses forces fut décapité sur les bords du Rio Salado.

Kheir-ed-Dinn restait seul. Mais il avait l'investure du Sultan de Constantinople, ce qui lui donnait un prestige non négligeable. Il commença par se débarrasser, à la suite d'un siège mémorable, de la garnison espagnole installée dans le Penon d'Alger sous le commandement de Martin de Vargas. Avec les matériaux provenant de la fameuse forteresse, il construisit la jetée Nord qui porte encore son nom et qui protégea contre les vents du Nord-Ouest la petite darse, le premier port d'El-Djezaïr, où s'abritaient les corsaires. Soliman, sultan de Constantinople, lui conféra le titre de Pacha avec le commandement de sa marine. Il s'empara successivement de Djidjelli, de Collo, de Constantine et de points importants sur toute la côte Est de l'Algérie. Il mourut à Constantinople en 1547, chargé d'ans et comblé d'honneurs.

 
  - 15 -  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante