Soudain apparurent deux hommes,
deux aventuriers, de caractère fortement trempé, sans peur
en face du danger, sans hésitation devant le parti à prendre
: Aroudji et Kheir-ed-Dinn, deux frères d'égale valeur,
étonnants l'un et l'autre. Ils étaient originaires, dit-on,
de Lesbos. On a eu tort de les assimiler à de vulgaires
pirates. Ils en avaient peut-être les instincts, mais ils
possédaient aussi la sûreté de vue et l'ampleur dans les
conceptions ; et, par des coups de maître, ils en fournirent
les preuves. Avec quelques galiotes armées pour la course,
ils tentèrent de reprendre Bougie aux Espagnols en 1514.
Aroudji y laissa un bras et dut se réfugier à Djidjelli.
C'était débuter par un échec. A Djidjelli, Aroudji et
Kheir-ed-Dinn reçurent des habitants l'accueil le plus
favorable. Ces Djidjelliens, non sans orgueil, comme de nos
jours, se réfèrent à des origines aristocratiques et
quelques-uns d'entre eux portent le nom de " Bourbouns
" comme s'ils étaient issus des Bourbons de race royale. |