Souvent les amoureux de la nature,
en quête d'impressions nouvelles, vont chercher bien loin ce
qui est près d'eux. Blida est à 48 kilomètres d'Alger. On
traverse la Mitidja où les visions se succèdent, surtout
pendant la période printanière : fermes espacées, perdues
dans la frondaison des grands arbres, comme les fleurons de
l'industrie agricole et les jalons de la conquête du sol,
jadis meurtrier et ingrat, aujourd'hui salubre et fécond...
champs de céréales piqués çà et là des notes rouges des
coquelicots ; vignobles entretenus et cultivés avec un soin
jaloux ; jardins magnifiques où, suivant la saison, les
orangers, les mandariniers et les citronniers épandent le
parfum de leurs fleurs, ou offrent aux regards la splendeur de
leurs fruits. Dans les espaces libres, les fleurs des champs,
filles de la nature, librement écloses, ne demandent rien à.
l'art du jardinier pour devenir, là où elles le peuvent, la
parure adorable et fragile. Comme fond de tableau, tel que
n'aurait pu le concevoir le plus subtil et le plus ému des
décorateurs, la chaîne de l'Atlas, tantôt voilée de gazes
bleues et roses, tantôt couronnée d'épais nuages, tantôt
resplendissante, par une claire journée, sous le manteau de
la neige argentée. |