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LA MITIDJA
 

Souvent les amoureux de la nature, en quête d'impressions nouvelles, vont chercher bien loin ce qui est près d'eux. Blida est à 48 kilomètres d'Alger. On traverse la Mitidja où les visions se succèdent, surtout pendant la période printanière : fermes espacées, perdues dans la frondaison des grands arbres, comme les fleurons de l'industrie agricole et les jalons de la conquête du sol, jadis meurtrier et ingrat, aujourd'hui salubre et fécond... champs de céréales piqués çà et là des notes rouges des coquelicots ; vignobles entretenus et cultivés avec un soin jaloux ; jardins magnifiques où, suivant la saison, les orangers, les mandariniers et les citronniers épandent le parfum de leurs fleurs, ou offrent aux regards la splendeur de leurs fruits. Dans les espaces libres, les fleurs des champs, filles de la nature, librement écloses, ne demandent rien à. l'art du jardinier pour devenir, là où elles le peuvent, la parure adorable et fragile. Comme fond de tableau, tel que n'aurait pu le concevoir le plus subtil et le plus ému des décorateurs, la chaîne de l'Atlas, tantôt voilée de gazes bleues et roses, tantôt couronnée d'épais nuages, tantôt resplendissante, par une claire journée, sous le manteau de la neige argentée.

Cependant que de la plaine monte un hymne de gratitude en l'honneur des pionniers et des colons qui, au prix de dures épreuves et de lourds sacrifices, ont ajouté leurs efforts et leur labeur à la beauté des choses.

BLIDA

Nous voici à Blida, la petite ville dénommée aussi " Ourida" la rose. J'avoue que j'ai une prédilection pour la petite ville que la nature a comblée des dons les plus rares et dont le passé s'ouvre à nous avec ses légendes, ses récits fabuleux et ses épopées tragiques.

Le vrai est que les origines de Blida sont relativement peu éloignées dans le passé. Elle fut fondée, à l'état embryonnaire, avec le concours des Maures Andalous, chassés d'Espagne en 1499, par Ahmed el Kebir, Ahmed le Grand, en 1553. D'où venait Ahmed el Kebir qui a donné son nom aux gorges pittoresques, à l'Oued et au cimetière où il est inhumé à proximité de Blida ? On ne sait. De pieux narrateurs, dont les récits n'ont pas été soumis au contrôle de la critique historique, nous racontent qu'après avoir visité Alep, Damas, La Mecque, Stamboul, l'Andalousie et Cordoue, il arriva dans ce qu'il se plaisait à appeler son " Eden ", dans cette région bénie où devait s'ériger la bourgade, la petite ville, traduction de Blida. Le grand marabout, instruit sans doute à l'école des Maures d'Espagne, passés maîtres dans les travaux de l'hydraulique et des irrigations, lui enseignèrent le moyen d'amener des eaux abondantes dans le lit de l'Oued-el-Kebir.

 
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