Le lendemain, nous nous rendîmes an
vieux fort génois du cap de Garde, en passant, par la porte
de la Kasbah, dans le jardin botanique, où l'on cultive
toutes les plantes des tropiques. La route côtoie la plage,
et me rappelait certaines portions de la Corniche : c'était
bien la même Méditerranée aux flots d'azur ; d'un côté,
des montagnes, et des ravins brisés de l'antre ; seulement,
à la place des jardins en terrasse et des riches cultures de
la Savoie, l'œil ne rencontrait que des palmiers nains,
entremêlés de lavande, de genêts, de cistes rouges et
blancs, de serpolet et d'autres arbustes qui embaumaient l'air
de leurs parfums. Les jeunes pousses du palmier nain, ou
chamaerops, ont une nuance délicieuse de vert olive,
tranchant très agréablement sur la verdure, qui sans cela
serait trop uniforme. A chaque tournant de la route nous nous
trouvions dans de jolies petites anses sablonneuses, couvertes
de coquillages, et plus d'une fois nous descendîmes de
voiture pour aller en ramasser. Entre le cap et le fort
génois, on nous montra plusieurs grottes fort curieuses, qui
donnent sur la mer. La première me parut taillée dans le roc
; un chevrier s'y était réfugié avec son troupeau. Il y en
a deux qui sont creusées de la manière la plus fantastique,
et qu'on appelle " Grottes des saints ", parce qu'on
prétend qu'elles servirent de retraite aux chrétiens
pendant
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