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beaux que je connaisse. Dans le courant de la soirée, la supérieure me conduisit à leur maison en ville, qui est aussi très considérable : il y a là vingt-sept religieuses et des centaines d'enfants de tout âge et de nationalités diverses. On leur enseigne le chant ; presque toutes ont de belles voix. Les plus âgées me chantèrent un cantique à Saint Augustin à plusieurs parties, que je trouvai extrêmement joli.
 
Berceau arabe.
 

Le lendemain matin, le consul et le maire nous apportèrent des billets du chemin de fer du gouvernement pour Mokta-el-Hadid, où se trouvent des mines de fer considérables, à six lieues de Bône. La voie ferrée traverse une vallée riante et bien cultivée, au sortir de laquelle on arrive au grand lac Fezzara, dont nous avions eu une vue à vol d'oiseau en venant de Guelma. Ici nos compagnons de voyage, qui étaient tous chasseurs, quittèrent le train pour aller tuer des canards sauvages ; nous promîmes de les reprendre à notre retour. Au bout d'une heure nous atteignîmes les mines, où nous fûmes reçues avec courtoisie par le directeur, qui nous expliqua les travaux d'exploitation. Ce qu'il y a de curieux ici, c'est qu'on recueille le minerai non pas dans les entrailles de la terre, mais dans les rochers qui sont au-dessus, et au-dessous d'un certain niveau l'on n'en trouve plus. On envoie ce minerai directement en France, pour y être fondu : ce qu'on ne peut pas faire sur les lieux, faute de houille, seul trésor minéral que l'on n'ait pas encore découvert en Algérie. Les mineurs travaillent à la tâche,

    

 

   
et gagnent de trois à cinq francs par jour. On jette le minerai dans de petites charrettes, qui courent sur un tramway relié au chemin de fer, d'où on l'expédie directement au port de Bône, de sorte qu'il y a peu ou point de transbordement.
 
Des arabes s'éloignaient des mines.
 

Le directeur m'apprit aussi que pendant l'été ses ouvriers avaient beaucoup souffert des fièvres engendrées par les exhalaisons du lac Fezzara ; que la guerre lui avait enlevé bon nombre de ses mineurs, et qu'il ne pouvait pas les remplacer par des Arabes, parce que ceux-ci ne veulent pas travailler régulièrement. Le minerai de Mokta-el-Hadid est, parait-il, supérieur à celui qu'on trouve en France ; il est surtout très propre à fabriquer des canons : aussi sa valeur ne fera-t-elle qu'augmenter chaque année.

Avant de partir, je dessinai le lac Fezzara, qui a dix ou douze 

 
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