les caïds, qui, en temps de
guerre, faisaient l'office de généraux, et, en temps de
paix, remplissaient toutes les fonctions politiques et
législatives ; ils étaient également investis du droit de
lever les impôts et d'administrer les finances. Un
fonctionnaire nommé l'oukil-el-soltan était surintendant des
domaines de la couronne et des fermiers qui les cultivaient.
Le cadi, choisi parmi les thalebs (sages ou anciens), était
chargé de présider aux actes et de tenir les registres de
l'état civil, tels que mariages, divorces, tutelles,
successions, ventes, etc., de sorte qu'en cas de dispute ou de
litige c'était, à lui de prononcer la sentence, de fixer les
amendes, dommages-intérêts, et le reste.
Cette forme primitive de gouvernement reposait sur trois
grands principes : la religion, la crainte et l'intérêt :
ses avantages consistaient dans sa simplicité et dans sa
force, et surtout dans la promptitude avec laquelle elle
fonctionnait. Dans l'administration de la justice, les
magistrats s'inspiraient des lois très minutieuses
renfermées dans le Coran, ainsi que des règles et coutumes
avant force de loi (dans certains cas), de même que chez
nous, dans quelques occasions, les juges rendent leurs
sentences en s'autorisant de certains précédents.
Mais le gouvernement de l'émir était surtout despotique :
son immense prestige et les nécessités de la guerre lui
avaient permis de réduire les Arabes à une obéissance
aveugle. Outre les impôts sanctionnés par le Coran, il
exigeait continuellement de ses sujets des contributions
supplémentaires, appelées " el maouna ", ce qui
signifie : secours extraordinaires ". Lorsqu'il s'agit de
diviser les tribus en khalifas ou provinces, Abd-el-Kader se
montra aussi trop indifférent aux sympathies des populations
et à leur attachement
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