Pages précédentes ALGÉRIE CONTEMPORAINE   DU GOUVERNEMENT FRANÇAIS EN ALGÉRIE Pages suivantes
  Retour page Table des matières  
   
  
Allemands y réussissent moins bien qu'en Amérique, en Australie et dans d'autres colonies. C'est un très grand malheur pour l'Algérie qu'elle ait été envahie par des essaims d'aventuriers, de réfugiés politiques, d'hommes déclassés, en un mot, et partant sans principes aucuns. Espérons qu'une ère nouvelle luira bientôt sur ce pays, grâce à l'émigration de tant de bons et honnêtes Alsaciens-Lorrains, et qu'ainsi la Providence fera servir le grand crime politique qui les a chassés de leur patrie à la régénération de cette belle colonie.
 
Alger. - Rue de la Girafe.
 
En résumé, l'Algérie est un des plus beaux pays du monde ; 
    

 

   
elle possède un littoral de deux cents lieues, d'excellents ports, un sol fertile, un climat délicieux et des richesses minérales incalculables :  malheureusement, le défaut de sécurité, le manque de capital et de bras, n'ont pas permis de les exploiter d'une manière avantageuse, jusqu'à présent du moins.

La France ne peut pas faire de l'Algérie une colonie purement militaire : ce serait contraire à sa forme de gouvernement et au caractère de la nation ; d'autre part, elle n'a pas encore pu en faire une colonie civile, parce qu'on ne peut pas y transporter tout d'un coup une race laborieuse et agricole, telle qu'il la faudrait pour défricher cet immense champ inculte. Le véritable agriculteur, le paysan français, qui possède une petite propriété et un petit capital, ne songera jamais à quitter le département où il est né, où il vit content et heureux, pour aller s'épuiser de travail sous les rayons brûlants du soleil d'Afrique, et se voir en butte aux attaques constantes des Arabes ; même si l'espoir d'un gain élevé l'engageait à faire un coup d'essai et à tenter l'aventure, à coup sûr il n'y resterait pas.

Jamais je ne suis entrée en conversation avec un colon français en Algérie, sans qu'il ait fait allusion à l'époque où il aurait gagné assez d'argent pour retourner dans sa " belle France ". Bien différents en cela de nos émigrés anglais, ils ne considèrent jamais la colonie comme leur patrie, et par conséquent se montrent assez indifférents à sa prospérité future et à son avenir.

Espérons toutefois que les malheurs de la France serviront à amener une ère de progrès dans la condition de ce beau pays, jadis le grenier de Rome et de l'Europe. Après tout, chaque colonie naissante rencontre des obstacles à son début, et il faut quelquefois une génération d'hommes tarés dans un pays nouvellement colonisé, pour y faire souche d'honnêtes gens.

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes