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Enfin, jusqu'à ce jour, les sommes énormes dépensées pour l'organisation de la jeune colonie l'ont été presque entièrement en pure perte. L'armée a construit des routes et des villages, dont les maisons sont gaies et propres ; mais voilà tout. Les colons, qu'on a fait venir à grands frais, ont trouvé l'agriculture un travail pénible, opiniâtre, peu à leur goût, exigeant une année ou deux de labeur persévérant avant de produire quelque chose en retour - et ils y ont renoncé. Ils préférèrent se faire aubergistes, rôtisseurs, marchands de vin et de liqueurs spiritueuses, et sous-louèrent leurs concessions de terres à ces mêmes Arabes qui avaient été chassés pour leur faire place. Ce fait peut paraître incroyable ; mais on m'a assuré que la seule récolte produite par ces colons se composait du foin qu'ils vendaient pour l'approvisionnement des chevaux de la cavalerie, - récolte qui ne leur donnait pas d'autre peine que celle d'être fauchée. "

 
 
Ce tableau sévère est presque aussi véridique aujourd'hui que lorsqu'il fut tracé (1847). On a cependant introduit un progrès, en diminuant les redevances du port et les impôts ; mais, pour consolider une colonie naissante, trois choses sont indispensables : la sécurité, le capital et les bras, et c'est précisément ce qui fait plus ou moins défaut en Algérie. Pour rendre justice aux Français, 
    

 

   
il faut reconnaître qu'ils n'ont pas leurs pareils pour la construction des routes et des villes. Les premières sont le triomphe de l'art de l'ingénieur ; les dernières sont propres, gaies et bien distribuées. Toutefois les habitations laissent quelque chose à désirer au point de vue de la solidité, et quelques-unes s'effondrent déjà. Je pense qu'on peut attribuer ce défaut à la rage de spéculation sur les bâtisses, qui avait gagné tout le monde, il y a quelques années, vu le prix élevé des loyers. On m'a parlé d'un homme qui avait fait construire une maison avec de l'argent emprunté à 50 pour 100, et il comptait que la location de cette habitation, pour une année seulement, le ferait rentrer dans son capital et ses intérêts, comme on peut facilement se l'imaginer, l'offre de ces maisons excéda bientôt la demande ; la guerre avec la Prusse éclata, le prix des loyers baissa rapidement, et l'on n'eut à enregistrer que des faillites coup sur coup.
 
Les Alsaciens-Lorrains en Algérie.
 
La population européenne comprend environ 100 000 Italiens, Maltais, Espagnols et Mahonnais. Ces derniers sont les sujets les plus utiles de Louis : ils sont laborieux, et s'adonnent surtout aux travaux du jardinage ; ils font aussi de fort bons cochers. On rencontre peu de familles allemandes en Algérie : peut-être le climat ne leur est-il pas favorable ; mais le fait est que les 
 
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