fomentent constamment des insurrections en
Algérie, au moyen des confraternités religieuses dont j'ai
parlé précédemment. "
Le comte de Stackelberg continue :
" Bien que l'empereur du Maroc soit en
très bonne intelligence avec les Français, son peuple ne
partage point ses sentiments : les Marocains sont des
fanatiques animés d'une haine implacable contre tous les
chrétiens, et contre les Français en particulier.
" L'empire du Maroc est lui-même dans
un état voisin de l'anarchie : l'autorité du souverain n'est
plus guère respectée que dans les villes et sur le littoral.
Au midi de Fez, les Berbères se sont rendus complètement
indépendants, et le traité d'alliance conclu entre
l'empereur et les Français lui a enlevé une bonne partie de
l'estime et de la considération de ses sujets.
" Il s'agit donc de savoir si cette colonie vaut la peine
qu'on la conserve, puisqu'elle exige une si vaste organisation
militaire, qui entraîne annuellement un énorme déficit dans
le budget. La réponse ne peut être qu'affirmative sur les
richesses minérales et la fertilité incontestable du sol, et
ceci nous ramène encore à la question de la colonisation.
"
Le comte de Stackelberg continue
:
" Personne, je pense, ne contestera la
vérité de cet axiome,
que, pour fonder une colonie, il faut des
colons ; or c'est précisément ce qui manque à l'Algérie.
" Pour cultiver ce terrain d'une fertilité merveilleuse
et le transformer en un paradis de richesses agricoles, on n'a
guère envoyé jusqu'ici que des cabaretiers, des
restaurateurs, des fabricants ruinés ou des chevaliers
d'industrie. Le gouvernement
s'est donné un mal inouï à créer des
villages, à y installer des familles ; et, d'un autre côté,
il a commis des bévues colossales, Il s'attendait à
recueillir des fruits avant même d'en avoir jeté les
semences! Il greva d'impôts tous les articles de consommation
au lieu de favoriser le libre échange, et organisa tout un
système de douanes tellement vexatoire, que le commerce
français fut complètement paralysé dans les ports du
littoral. Il alla jusqu'à imposer aux nouveaux citoyens les
exercices pénibles de la garde nationale, service bien
superflu dans un pays occupé par des troupes régulières...