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de géraniums, de jasmin du Cap et d'autres fleurs de son jardin, une merveille.
 
Mausolée et chapelle élevés au lieu même où saint Louis rendit le dernier soupir.
 
Quelques jours après, nous nous mîmes en route par une matinée superbe, pour aller visiter les ruines de Carthage et le monument érigé à la mémoire de saint louis. De longues files de chameaux marchaient à pas lents à côté de notre voiture, et des rangs de flamants roses se tenaient immobiles sur leurs longs pieds ou voletaient sur le sable du rivage. Après un trajet d'une heure sur la route de Goletta, on tourne à gauche et l'on gravit une colline, au sommet de laquelle s'élève l'ancienne Byrsa, récemment cédée au gouvernement français. C'est là, au milieu d'un grand jardin entouré de hautes murailles et renfermant toute une collection de colonnes, de chapiteaux, de torses et de mosaïques recueillis dans les environs, et sur une terrasse donnant sur la mer, que l'on a construit un mausolée et une chapelle, au lieu même où saint Louis rendit le dernier soupir. Chose étrange ! les musulmans ont une si grande vénération pour ce saint monarque (qu'ils nomment 
    

 

   
Sidi-ben-Saed), qu'ils viennent aussi fréquemment à Byrsa en pèlerinage.

De cette terrasse l'œil embrasse un panorama magnifique de Goletta et des ruines de Carthage, avec la Méditerranée aux flots d'azur à l'horizon. C'est ici que, le 25 août 1270, saint Louis mourut. Il fut pleuré non seulement de sa famille et de son peuple, mais de l'Europe entière. C'est ici qu'il donna à son fils aîné1 ces instructions empreintes d'une si profonde sagesse, dont on conserve une copie à la bibliothèque des Archives de Paris. Sa charité, son humilité, sa parfaite résignation, augmentèrent encore à ses derniers moments. Il expira en prononçant ces paroles du Psalmiste : " Seigneur, j'entrerai dans votre maison, je vous adorerai dans votre saint temple et je glorifierai votre nom. " Puis son âme pure et sainte échangea cette vie mortelle pour celle du ciel.

La bonne concierge de la chapelle me donna un morceau de marbre qu'elle avait trouvé dans cet endroit, et me parla avec bonheur du grand nombre de Français qui viennent, chaque année, en pèlerinage à ce sanctuaire, prier pour leur patrie. La paix avec la France n'était pas encore signée, et la brave femme me disait : " Ah ! notre pauvre France est bien malheureuse ! il faut bien que le Saint nous vienne en aide. "

De Byrsa nous allâmes voir les ruines de Carthage, et, en premier lieu, les réservoirs, parfaitement conservés c'est une énorme construction oblongue, en briques, formant une série de voûtes, qui contiennent dix-huit réservoirs, de quatre-vingt-trois 

 

1. Philippe III le Hardi, qui revint en France rapportant avec lui les cercueils d'Isabelle d'Aragon, son épouse ; de son frère Tristan, né à Damiette, et de son père saint Louis, dont les restes furent d'abord déposés à Notre-Dame de Paris. Pus tard, Philippe III les porta sur ses épaules jusqu'à la basilique de Saint-Denis.
(Note du traducteur.)

 
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