non loin de nous se voyait un de
ces puits à roue si pittoresques que l'on ne rencontre que
dans ce pays, et. que l'on dit dater du temps des Romains.
La vaste plaine que nous venions de traverser, était
couverte de colonnes, de chapiteaux brisés, de tombeaux,
tandis qu'un aqueduc, jadis restauré par les Espagnols
(pareil à ceux qui sont si nombreux dans la campagne de
Rome), se dessinait nettement sur l'horizon. Bientôt les deux
charmantes filles de Mme Wood arrivèrent au galop, suivies
des chasseurs. On n'avait pas tué de lièvre, mais on avait
pris un chacal, qui s'en était vengé en déchirant un des
chiens d'une façon si terrible, que nous remportâmes la
pauvre bête dans une des voitures. La chaleur avait été, si
forte pendant cette partie de plaisir, que Mary fut obligée
de se mettre au lit à son retour. Pendant son indisposition,
qui dura plusieurs jours, elle fut comblée de soins
bienveillants par nos aimables hôtes, qui la traitèrent
comme une de leurs propres enfants.
Un pique-nique au Belvédère, joli bosquet d'oliviers
planté sur un mamelon qui domine la ville, fut toute ma
distraction du lendemain ; mais j'en trouvai suffisamment à
regarder par la fenêtre de ma chambre la place du Marché,
avec ses vendeurs et ses acheteurs affairés, et les groupes
de chameaux agenouillés, qui grognaient ordinairement à
l'unisson.
Le jour suivant, nous étions invitées à dîner chez les
Ben-Ayat, auxquels nous avions été présentées quelques
jours auparavant. Le repas fut interminable, les mets variés
; mais on ne servit pas de vin, la loi de Mahomet ne.
permettant pas aux femmes l'usage de cette boisson. Ensuite la
voiture nous conduisit à la villa de la fille aînée de
Sidi-ben-Ayat, habitation où l'on trouve le luxe
d'ameublement français réuni au " confort "
anglais. Le mari de cette dame, qui avait beaucoup habité
Paris et parle français couramment, nous cueillît un
magnifique bouquet de roses,
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