amateur des couleurs éclatantes.
Cette fois-ci nos emplettes se bornèrent à des articles de
poterie indigène, entre autres une merveilleuse lampe très
haute, propre à être posée sur le parquet, un tam-tam, et
un encensoir aussi de poterie verte, et qui, bien que d'un
prix très minime, avait une forme des plus gracieuses.
Dans la soirée nous allâmes en voiture à la promenade
publique, fréquentée par la noblesse et les gens à la mode,
et nous rendîmes visite à la femme et aux sœurs de Tobie,
toutes richement vêtues à la mauresque. Elles nous firent
cadeau d'une provision de dattes délicieuses pour notre
voyage. Puis vint le triste moment des adieux. Après avoir
pris congé à regret des personnes qui nous avaient
témoigné tant de bienveillance, nous remontâmes dans la
voiture, qui nous conduisit à Goletta. A cinq heures et demie
notre barque passait sous les croisées du harem et du palais
du bey, et nous amenait auprès du steamer Milano, qui
avait déjà levé l'ancre et allait donner le signal du
départ. A six heures, assises sur le pont, nous contemplions
avec tristesse les côtes d'Afrique, qui allaient bientôt disparaître
à nos regards ; nous ne pouvions les détacher de cette terre
où nous avions passé quatre mois remplis de jouissances
exquises, au sein de ses nationalités diverses. Bientôt nous
aperçûmes les rives de la Sicile ; et, après avoir côtoyé
Marsala et Trapani, nous débarquâmes à Palerme. Nous avions
eu une belle traversée de quarante-cinq heures, qui n'avait
été marquée par aucun incident.
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