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II

 

MILIANAH, TENIET-EL-HAD ET BLIDAH

 
'aube n'avait pas encore paru lorsque nous quittâmes Oran pour prendre le train de six heures au nouveau chemin de fer qui reliera plus tard cette ville à Alger, mais qui actuellement s'arrête à Lavrande. 
Le paysage n'offre aux regards qu'une vaste plaine stérile et des palmiers nains jusqu'à Orléansville, où il devient boisé et riant. Cette ville moderne est bâtie sur les ruines d'une antique cité romaine, qui présente un grand intérêt à l'archéologue ecclésiastique. En 1843, on découvrit une belle basilique, dédiée à saint Réparatus, avec la date de sa mort, l'an 456 de l'ère mauritanienne. Le pavé, en mosaïque (rouge, blanc et noir), fut trouvé intact. Parmi les inscriptions, il y en a une qui constate que la pose de la première pierre de cette église eut lieu le 20 novembre 325, avec ces paroles : MENTE HABEAS SERVVM DEI 1..., qui se rapportent évidemment au fondateur, dont le nom a été effacé par le temps ; et sur une pierre d'autel en marbre on lit : BEATIS APOSTOLIS PETRO ET PAULO, tandis que les mots SANCTA ECCLESIA et SATVRNINVS SACERDOS sont répétés en plusieurs endroits, comme s'ils se rapportaient à l'évêque sous l'épiscopat duquel la basilique fut consacrée. Il est extrêmement rare de trouver un aussi grand nombre d'inscriptions chrétiennes dans ce pays : la plus grande partie de celles d'Orléansville ont été transportées au musée d'Alger.

Nous eûmes pour compagnon de voyage le préfet d'Oran, qui venait d'être nommé gouverneur général de l'Algérie, un rouge de la plus belle nuance, qui, croyant que je devais nécessairement être protestante, puisque j'étais Anglaise, ne se gêna nullement pour me faire l'exposé de ses opinions sur la religion 

 

1 Souvenez-vous du serviteur de Dieu... (Note du traducteur.)

    

 

   
et l'éducation. Inutile d'ajouter que je n'avais pas la moindre sympathie pour ses théories. Ce personnage avait été adjoint au maire de Constantine, et son avancement rapide avait donné lieu à force commentaires malveillants. Bien que ses principes fusses diamétralement opposés aux miens, je dois dire en conscience qu'il fut extrêmement poli, et nous fournit plus tard l'occasion de visiter une portion intéressante de la province de Constantine, d'une manière très agréable.

La voie ferrée traversait maintenant la belle et fertile plaine du Chéliff, rivière au courant rapide, que nous côtoyâmes jusqu'à Milianah. A Lavrande (ainsi nommée en mémoire d'un général de ce nom tué à Sébastopol), nous descendîmes du train pour faire en omnibus les douze kilomètres qui nous séparaient encore de notre destination.

Marché arabe à Affreville.
 

Après avoir traversé Affreville, où se tient un grand marché arabe, la route tourne brusquement pour monter dans une gorge magnifique, mais si escarpée, qu'il nous semblait gravir à pic les murailles d'une maison. Un torrent impétueux coule au fond de cet entonnoir. De loin en loin, des moulins et des ponts pittoresques jetés sur le ruisseau égayaient un peu cette scène sauvage. Le chemin en zigzag, qui se déroulait devant nous sur des pentes presque inaccessibles, nous rappelait, sur une plus grande échelle,

 
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