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le paysage des environs de Chaude-Fontaine1 et de Liège...

A mi-chemin nous fîmes une halte dans un caravansérail, afin de donner aux chevaux le temps de se reposer un peu.

 
Une halte.
 
Il y avait là une foule d'Arabes accroupis dans un gourbi, buvant ensemble du café et battant la mesure aux sons monotones d'un tam-tam, spectacle qui tous devint très familier à Tunis, mais qui nous parut alors d'une nouveauté étrange. Il était bien dix heures du soir lorsque nous arrivâmes à l'excellent petit hôtel d'Isly, à Milianah : car, vu la terrible montée dont j'ai parlé, nous avions mis quatre heures à faire un trajet, de deux lieues et demie. L'hôtesse nous servit un délicieux potage bien chaud dans le restaurant de son hôtel primitif, et nous conduisit ensuite dans deux chambres d'une propreté exquise, égayées par de bons feux de sarments qui pétillaient dans l'âtre, luxe que le froid de cette région élevée ne rendait point inutile. Nous avons conservé un fort bon souvenir de cette Française à l'air bienveillant qui nous reçut si bien à Milianah.

Le lendemain matin, par un soleil radieux, je me rendis à l'église, qui est située à l'extrémité de la place. C'était un dimanche. On y célébrait une messe militaire, et, comme à l'ordinaire, j'y trouvai 

 

1. Chaude-Fontaine, près de Besançon, département du Doubs. du traducteur.)

    

 

   
un régiment de sœurs et d'enfants. Le curé de l'endroit, neveu de feu Mgr Pavy, archevêque d'Alger, est non seulement un saint ecclésiastique, il est aussi très bon prédicateur.

Après le dîner, Mary et moi nous allâmes nous promener par la ville, qui est assise sur un plateau élevé au-dessus d'une plaine magnifique, bornée par de hautes montagnes, dont la plupart sont couvertes de neige. A partir des remparts, le terrain en petite douce est couvert de vignobles, d'amandiers, d'abricotiers et de cerisiers soigneusement cultivés dans de petits jardins en terrasses, arrosés par les ruisseaux qui descendent des montagnes. Nous remarquâmes sur la Petite-Place un minaret converti en tour d'horloge, d'où retombaient des plantes grimpantes en festons gracieux. Nous errâmes par les rues arabes, admirant ici des figures pittoresques, là des étoffes aux riches couleurs. Sur la place du Marché, des chameaux étaient agenouillés ; ils avaient l'air bien doux, ce qui ne les empêchait pas de grogner et de montrer les dents dès qu'on essayait de les charger.

Le chargement des chameaux.

Un peu plus loin, nous aperçûmes une belle mosquée et une " koubba ", dernière demeure de Sidi-Mohammed ben-Yusset, saint

 
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