Teniet-el-Had. Bien qu'ils ne
soient pas aussi gros que ceux des montagnes du Liban (leurs
troncs ne mesurent en moyenne que de dix à quinze pieds de
circonférence), ils sont plus nombreux, et la neige qui
brillait au soleil sur leurs rameaux légers produisait un
effet charmant. Au centre de la forêt, sur un petit plateau
dégarni d'arbres, s'élève un chalet pittoresque : c'est la
demeure du garde, qui tient une grande salle à la disposition
des personnes qui viennent ici en parties. Malheureusement il
était absent. Nous dûmes nous contenter d'allumer un feu
énorme de bois de cèdre tout auprès, et d'étaler notre
déjeuner sur des planches dont nous fîmes une table
improvisée.
Nous fûmes bientôt rejointes par les officiers avec
lesquels nous avions fait connaissance la veille. Après nous
avoir accompagnées pendant quelque temps, ils avaient été
obligés de quitter leurs chevaux, parce que la neige n'était
pas assez durcie pour les porter, eux et leurs montures : ils
les avaient donc laissés chez un cantonnier, à environ deux
kilomètres du chalet. Ces messieurs nous engagèrent fort à
braver les mauvais chemins pour mon ter sur une terrasse d'où
l'on découvre une vue magnifique. Mary s'y refusa carrément
; quant à moi, je ne pus résister à la tentation, et je
partis bravement, enfonçant dans la neige moitié fondue
moitié gelée (j'en avais parfois jusqu'aux genoux), jusqu'à
ce que nous atteignîmes enfin le sommet du col, d'où notre
petit campement près du chalet ne paraissait plus que comme
un point noir. Toute fatiguée et trempée jusqu'aux os que
j'étais, je ne pus m'empêcher de reconnaître que le
panorama superbe qui se déroulait devant moi valait bien la
peine que je m'étais donnée pour y arriver.
Les deux chaînes parallèles de l'Atlas étaient visibles.
Le soleil de midi dardait ses rayons sur leurs cimes cou
vertes de neige, au-dessus desquelles le Waransenis élevait
fièrement sa tête. Au sud, s'étendait la fertile vallée du
Chéliff, que nous avions traversée la veille ; et, bien
qu'à vingt-six lieues de distance, la citadelle de Milianah
brillait distinctement au soleil. Sur le premier plan autour
et au dessous de nous, on ne voyait que des cèdres superbes
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