Avant d'arriver à la Chiffa, nous
traversâmes un pont rustique, situé auprès d'une prison
militaire, dont les détenus étaient occupés dans une
corderie ; puis, tour nant brusquement à gauche, nous nous
engageâmes dans une gorge étroite, richement boisée, au
fond de laquelle coulait un torrent mugissant. Ce site avait
quelques traits de ressemblance avec le col du Saint-Gothard.
Nous arrivâmes bientôt à une grotte remplie de stalactites
et d'aloès pétrifiés, qui, chose bizarre, avaient conservé
leur belle couleur verte. Des touffes de capillaires
croissaient dans les fentes des rochers, rafraîchies par
l'eau qui tombait goutte à goutte de toutes parts. Nous nous arrêtâmes
devant une cabane pour admirer un aigle magnifique qu'on
venait de tuer : il était d'une envergure remarquable. Cette partie de la gorge se nomme
" la Vallée-des-Singes ". Nous aperçûmes en effet
plusieurs de ces quadrumanes sans queue1, grimpant
sur les rochers et se suspendant joyeusement aux branches des
arbres qui retombent sur la cascade.
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