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lentisques, de buissons de
genièvre, de scilles et de férules aux panaches jaunes,
formait un fourré varié, autour des rameaux duquel la
clématite algérienne, avec ses clochettes gracieuses,
s'enroulait en capricieuses guirlandes. Il était cinq heures
quand nous entrâmes à Milianah : le soleil couchant inondait
la plaine de ses feux, et jetait une lueur rose pâle sur les
sommets neigeux des montagnes de l'Atlas, tandis que le
Waransenis (le géant de la chaîne) se dessinait fièrement
sur le ciel empourpré.
C'était un jour de marché : les Arabes se pressaient dans
la plaine, criant à tue-tête et gesticulant comme s'ils
allaient se prendre à la gorge, ce qui est leur mode
ordinaire de traiter les affaires.
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Cette fois-ci nous traversâmes
le Chéliff sans accident, toujours dans notre charrette et
bien que nos chevaux eussent de l'eau par-dessus le poitrail.
Cette rivière est la plus considérable de toutes celles de
l'Algérie ; et, de même que tous les autres cours d'eau, ses
rives sont bordées de magnifiques lauriers-roses.
Un soleil radieux, pénétrant dans nos chambres, nous
réveilla le lendemain de bonne heure. Nous allâmes dire un
dernier adieu à la belle terrasse et à son magnifique point
de vue avant de nous enfermer dans le coupé de la diligence
qui devait nous conduire à Blidah en passant par Bou-Medfa.
Ce fut avec un regret sincère que nous quittâmes ce beau
pays. Bientôt la voiture nous emporta
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rapidement, par l'avenue de
platanes, hors de l'enceinte de la ville, jusqu'en rase
campagne. Le chemin sinueux montait, montait toujours, et à
chaque tournant il nous laissait entrevoir des montagnes et
des vallées tantôt boisées, tantôt plantées de riches
vignobles. |
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Nous regardions avec plaisir ce
tableau riant de l'abondance versant ses trésors à pleines
mains. Sur le devant du coupé, on avait déposé un énorme
sanglier tué la veille dans les montagnes de Milianah :
c'était un cadeau destiné au gouverneur de Blidah. Un peu
avant d'arriver à Bou-Medfa, nous passâmes à côté d'une
" koubba " élevée à la mémoire d'un certain
Abd-el-Kader, patron des voyageurs et petit-être aussi des
mendiants, à en juger par le nombre de ces derniers, qui vous
demandent l'aumône pour l'amour de ce personnage, leur saint
de prédilection.
Nous prîmes à trois heures le train pour Blidah. La voie
ferrée traverse la vallée pittoresque de la Chiffa, puis
s'élève doucement par la grande plaine de la Mitidjah
jusqu'à une délicieuse petite ville à moitié cachée dans
des bois d'orangers, que les Arabes appellent la Rose de
l'Algérie. Nous fûmes bientôt installées à l'hôtel
d'Orient,
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