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difficiles, que la mise en valeur progressive des ressources du pays
par la colonisation a provoqué un accroissement sensible de la
population indigène. Cet accroissement, qui évoque le souvenir de
l'Algérie romaine très peuplée, provoque un conflit entre la
politique indigène et la politique de colonisation : conflit
pacifique, d'ailleurs, et qui est loin d'être insoluble.
A la condition toutefois qu'on sache comprendre et interpréter les
exemples fournis par l'écroulement de la domination romaine et de
la domination turque. L'une et l'autre sont tombées parce qu'elles
avaient abouti à une politique purement fiscale, tendant à
négliger les intérêts du pays. Il n'est pas question de contester
les droits des Européens venus en Algérie à l'appel des
autorités françaises. Mais il est indispensable, par une politique
éclatante de justice, de toucher le cœur des indigènes. Le mot
de, collaboration, dont on fait un usage si fréquent, doit inspirer
autre chose que des discours d'apparat : adaptation de la politique
indigène à des nécessités nouvelles.
Il y a une autre différence entre l'Algérie française et
l'Algérie romaine, et c'est un avantage certain pour la première.
L'Algérie française fait partie du vaste ensemble de l'Afrique du
Nord, tout entier soumis à la direction de la France, comme jadis
à celle de Rome. Le système est, dans l'application, souple et
variable : l'impulsion de la puissance directrice ne se fait pas
sentir de la même façon en Algérie qu'au Maroc et en Tunisie. Et.
l'histoire, surtout depuis la conquête arabe, explique et justifie
les différences présentes. Mais l'ensemble harmonieux que
constitue l'Afrique du Nord n'est lui-même qu'une partie de
l'ensemble plus vaste qui s'étend d'un seul tenant de la
Méditerranée au golfe de Guinée.
La France a rempli là une tâche gigantesque, où l'effort
militaire n'a été que le prélude de l'effort civilisateur.
Celui-ci tend à faire entrer dans la communauté des peuples de
l'univers, dans l'humanité à la recherche du mieux-être, des
populations qui jusque-là, repliées sur elles-mêmes, arrivaient
péniblement à trouver le moyen de ne pas disparaître. Ces
populations, la France les a appelées, les appelle encore, à
améliorer leur existence en adoptant un rythme de vie nouveau, sans
rien détruire de ce qui est respectable dans les traditions reçues
des ancêtres. L'Algérie a été l'une des bases, peut-être même
la base principale, de cette oeuvre grandiose, et ses enfants y ont
collaboré avec ceux de la France.
L'Algérie a déjà témoigné sa reconnaissance à ceux qui |
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l'ont ainsi grandie et enrichie. Le souvenir des turcos de 1870
n'était pas aboli dans les cœurs français, quand leurs
descendants sont venus à leur tour verser leur sang pour la
défense de la Métropole au cours de la guerre mondiale. Côte à
côte avec nos ouvriers, avec nos paysans, avec nos intellectuels,
avec nos bourgeois, ils ont lutté, ils ont souffert trop d'entre
eux, comme aussi trop des nôtres, sont morts, glorieusement, de la
mort des héros. De telles choses ne sortent pas de la mémoire :
elles resserrent les liens anciens, elles en créent de nouveaux.
La fraternité des armes n'est pas un vain mot : elle unit dans la
paix, comme elle les a unies dans la guerre, la France et
l'Algérie.
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