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moins un « test » précieux à divers égards : « Ayons foi en la
religion de l'Humanité, celle qui enseigne que tous les hommes sont
frères et qu'ils sont solidaires les uns des autres. » Et pourquoi
ne point parcourir ces recueils de contes, de nouvelles, ces romans
écrits en langue française par la jeunesse intellectuelle
algérienne, et où se retrouvent les aptitudes, les qualités, les
défauts du génie littéraire arabo-berbère, déjà sensibles chez
Apulée, Tertullien et Augustin ?
II faudrait aussi caractériser l'évolution de la famille que
favorise la jurisprudence si humaine de nos tribunaux civils,
attentifs à atténuer peu à peu, et avec une infinie
circonspection, ce que le droit musulman peut présenter de roide et
de trop compressif (droit de djebr, répudiation, théorie de
la grossesse, par exemple).
On ne saurait, enfin, oublier la prodigieuse renaissance de la
Kabylie qu'enrichissent les salaires gagnés dans la métropole et
dans la colonie par les ouvriers berbères; - ni la transformation
des-douars du « bled » arabe, où l'outil manufacturé, l'humble
moulin à café, la modeste boîte d'allumettes, affranchissent la
femme, limitent la polygamie en simplifiant le travail domestique;
ni le travail à la ferme européenne qui crée une solidarité
d'intérêts et rapproche les cœurs ; ni la route française, ni
l'autobus, ni le téléphone, qui suppriment, avec les distances,
les préventions, les préjugés, les vieux usages périmés. Et que
dire de l'action merveilleuse de l'école, à laquelle nous avons
consacré un chapitre, mais dont on n'exaltera jamais assez la haute
abnégation et le dévouement!
Certes, on a pu faire des critiques de détail. Aucune création
humaine n'y échappe et Bugeaud le disait déjà, on n'improvise pas
une société. Celle que nous érigeons en Algérie, maintenant que,
les échafaudages tombés, l'édifice apparaît dans sa solidité
élégante et hardie, peut affronter l'examen le plus sévère.
Oeuvre durable et profonde, réaliste et idéaliste à la fois, où
le génie généreux et pratique de notre race a mis ses meilleures
inspirations. |
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DÉMOGRAPHIE
STATISTIQUES COMPARÉES DE LA
POPULATION
Nous n'avons aucun chiffre précis, même approximatif, sur
l'importance de la population indigène en 1830. Certaines
évaluations ont été faites : les unes, avec l'exagération,
d'ailleurs bien excusable, de quelques officiers et publicistes de
la Conquête, appartenant à cette génération romantique qui
projetait sur l'Algérie de déformants mirages d'Orient; - les
autres, plus pondérées, plus réalistes, mais sans bases solides,
constituées à
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