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déjections, phénomènes de rampement, cas de capture,
méandres à évolutions variées, traces précises de cycles successifs
d'érosion dans le même talweg, etc., etc... Où est l'éditeur de
photographies qui glanera ces richesses pour nos élèves?...
Il décrit aussi les Hauts-Plateaux :
« Dans les Hauts-Plateaux, paysage tout autre. Le terrain qui, dès
le lever du soleil, prend la teinte dite couleur « peau de lion »
semble partout avide d'eau. De Bou-Saada à Tablat par exemple, les
Hauts-Plateaux nous offrent plus de 150 kms de large et paraissent
plutôt une série de bassins fermés dont celui du Hodna est le type.
Néanmoins, l'ensemble est remarquablement tabulaire et la sécheresse
progressive est marquée vers le sud avec une netteté rigoureuse. On
longe bien l'extrémité orientale de la mer d'alfa et les terrains à
pâture des chameaux à l'élevage. Entre la route et les méandres d'un
oued à sec, on a bien quelques dépôts d'alfa, mais si l'on met pied
à terre le sol brûle les semelles. L'alfa lui-même paraît rôti, ses
touffes poussent en association ouverte et on se demande quel
plaisir tel chameau qui vous promenait hier pouvait trouver en
enveloppant les feuilles sèches et âpres d'un coup de langue et de
mâchoire, rappelant un coup de faux ».
L'observation de la vie indigène fournit à M. Foiret cette jolie
notation d'une scène campagnarde :« Ceux qui paraissent travailler
dans ce groupe, ce sont les enfants. A la tête de caravanes d'ânes
bas sur pattes, mais jolis de ligne, l'air à la fois mutin et bonne
bête, ils transportent en des couffins-bâts de la terre, des
légumes, du bois, des poteries. On tire l'animal par la queue, par
les oreilles, à coups de trique, sur le cou. On le précipite dans le
fossé de
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la route à la moindre auto. On l'y pousse à pleines
mains sur la croupe, il obéit, il a l'habitude. Parfois un peu
nerveux, il se couche sur le flanc. Sans souci de sa charge. C'est
alors un drame. Bras en l'air, on l'adjure à grands cris, puis on le
remet sur ses pattes et on repart en gesticulant ».
Sur la reconquête de la terre par l'indigène nous
trouvons l'intéressante notation suivante : « Entre Alger et Bougie,
déjà des terres sont aux mains des indigènes qui la reconquièrent
ainsi avec l'âpreté du Normand. On m'a dit sur place, à Tankra, que,
dans trente ans, toute la Kabylie serait aux Kabyles et que leur
cher désir est d'y être seuls, comme toujours depuis 3.000 ans ».
Considéré à Bou-Saada comme une sorte de Marabout, notre voyageur a
été comblé d'attentions.
« Le soir, on m'a adjuré d'accepter le couscous et
devant ma réelle émotion, à la séparation, c'est de toute sincérité
je le crois qu'on m'a dit : « Nous avons grand honneur à être
Français ! Nous vous avons montré ici toute notre vie intime, depuis
nos jardins de palmeraie, jusqu'à notre intérieur où vous avez été
admis, en passant par nos mosquées. Nous ne saurions mieux faire.
Mais nous sommes ceux qui veillons sur votre compatriote, le peintre
Dinet, dont voici la maison, dont voici la tombe musulmane, dont,
dites-vous, votre mère a connu la famille. Pour nous, vous êtes la
même image. Vous promettez de revenir ici parce que vous êtes ému...
Eh bien. Inch'Allah « Qu'Allah le veuille ! »
« J'étais en veston, eux en burnous, ils venaient
de me faire entendre, place du Marché, le conteur arabe, récitant à
300 auditeurs de pierre un des interminables |
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