Pages précédentes CAHIERS DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE LIVRET 13 L'ALGÉRIE du CENTENAIRE par l'Université de France Pages suivantes
- 52 - Table des matières - 53 -
   
   déjections, phénomènes de rampement, cas de capture, méandres à évolutions variées, traces précises de cycles successifs d'érosion dans le même talweg, etc., etc... Où est l'éditeur de photographies qui glanera ces richesses pour nos élèves?...
Il décrit aussi les Hauts-Plateaux :
« Dans les Hauts-Plateaux, paysage tout autre. Le terrain qui, dès le lever du soleil, prend la teinte dite couleur « peau de lion » semble partout avide d'eau. De Bou-Saada à Tablat par exemple, les Hauts-Plateaux nous offrent plus de 150 kms de large et paraissent plutôt une série de bassins fermés dont celui du Hodna est le type. Néanmoins, l'ensemble est remarquablement tabulaire et la sécheresse progressive est marquée vers le sud avec une netteté rigoureuse. On longe bien l'extrémité orientale de la mer d'alfa et les terrains à pâture des chameaux à l'élevage. Entre la route et les méandres d'un oued à sec, on a bien quelques dépôts d'alfa, mais si l'on met pied à terre le sol brûle les semelles. L'alfa lui-même paraît rôti, ses touffes poussent en association ouverte et on se demande quel plaisir tel chameau qui vous promenait hier pouvait trouver en enveloppant les feuilles sèches et âpres d'un coup de langue et de mâchoire, rappelant un coup de faux ».
L'observation de la vie indigène fournit à M. Foiret cette jolie notation d'une scène campagnarde :« Ceux qui paraissent travailler dans ce groupe, ce sont les enfants. A la tête de caravanes d'ânes bas sur pattes, mais jolis de ligne, l'air à la fois mutin et bonne bête, ils transportent en des couffins-bâts de la terre, des légumes, du bois, des poteries. On tire l'animal par la queue, par les oreilles, à coups de trique, sur le cou. On le précipite dans le fossé de
 
       la route à la moindre auto. On l'y pousse à pleines mains sur la croupe, il obéit, il a l'habitude. Parfois un peu nerveux, il se couche sur le flanc. Sans souci de sa charge. C'est alors un drame. Bras en l'air, on l'adjure à grands cris, puis on le remet sur ses pattes et on repart en gesticulant ».

Sur la reconquête de la terre par l'indigène nous trouvons l'intéressante notation suivante : « Entre Alger et Bougie, déjà des terres sont aux mains des indigènes qui la reconquièrent ainsi avec l'âpreté du Normand. On m'a dit sur place, à Tankra, que, dans trente ans, toute la Kabylie serait aux Kabyles et que leur cher désir est d'y être seuls, comme toujours depuis 3.000 ans ».
Considéré à Bou-Saada comme une sorte de Marabout, notre voyageur a été comblé d'attentions.

« Le soir, on m'a adjuré d'accepter le couscous et devant ma réelle émotion, à la séparation, c'est de toute sincérité je le crois qu'on m'a dit : « Nous avons grand honneur à être Français ! Nous vous avons montré ici toute notre vie intime, depuis nos jardins de palmeraie, jusqu'à notre intérieur où vous avez été admis, en passant par nos mosquées. Nous ne saurions mieux faire. Mais nous sommes ceux qui veillons sur votre compatriote, le peintre Dinet, dont voici la maison, dont voici la tombe musulmane, dont, dites-vous, votre mère a connu la famille. Pour nous, vous êtes la même image. Vous promettez de revenir ici parce que vous êtes ému... Eh bien. Inch'Allah « Qu'Allah le veuille ! »

« J'étais en veston, eux en burnous, ils venaient de me faire entendre, place du Marché, le conteur arabe, récitant à 300 auditeurs de pierre un des interminables

 
Pages précédentes   Table des matières   Pages suivantes