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   épisodes des Mille et une Nuits. Au ciel d'un bleu cru, les astres avaient des reflets électriques. Je respirais, au pied de l'Aurès, l'air du Sahara et en nous serrant la main, nous étions franchement d'une même patrie ».
La vie économique résumée par le mouvement des ports est exposée avec un grand soin. C'est un excellent chapitre de géographie, bourré de chiffres pris aux sources les plus sûres.
Relevons aussi la pénétrante comparaison entre la colonisation romaine telle qu'on peut l'envisager par l'examen des ruines de Djemila et la colonisation française. « Les indigènes sont menés durement, on les emploie à la voirie, aux aqueducs, à la maçonnerie, à l'exploitation fermière. Rome installée en Afrique travaille pour son seul profit et ne colonise pas ».
Nous ferons nôtre, enfin, le voeu que M. Foiret exprime en terminant cet important travail d'une lecture si aimable : « Puisse le hasard et les volontés supérieures songer un instant que 200 professeurs visitant une colonie, c'est 200 ambassadeurs pro-français qu'on institue ipso-facto et 20.000 élèves dressés à flairer l'héroïsme de leur race au delà de tous les océans.
Centenaire a été une occasion, il faudrait en faire un procédé : éduquer les éducateurs, les aider à voir, à faire voir, c'est une moisson que le pays verrait mûrir dans 20 ans et qui serait peut-être un des meilleurs liens de l'Empire français ».

 


Nous empruntons avec plus de discrétion quelques passages au rapport de Mlle Main. Cette vision de Constantine d'abord :
 

       « Nulle part en Algérie, le contraste ne m'a paru plus frappant entre le passé et le présent : dans l'un des ponts regardant la ville, on a à droite l'antique quartier arabe et le tortueux quartier juif : petites maisons carrées, tassées, aveugles, ruelles étroites, aux marches usées, aux recoins noirâtres, — à gauche, se dressent des constructions neuves, blanches, éclatantes, gratte-ciels aux multiples étages, hôtels ou maisons de rapport aux façades ultra-modernes ».
Et celle des pays du sud, de Biskra à El Kantara :
« Nous étions partis à l'aube, le soleil se levait à peine sur cette terre d'un blond pâle, inconnu chez nous, le ciel était d'un bleu tendre irisé de mauve et d'or fin, tandis que les montagnes régulières, d'une limpidité de rêve, dessinaient à l'horizon une ligne à peine plus foncée. Dans ce cadre magnifique la vie nomade s'est révélée soudain par l'arrivée de nombreuses caravanes, venant du nord et marchant vers les oasis : chameaux bruns portant les tentes, les tapis, les sacs, les marmots, voire les poulets et les chats, troupeaux de moutons effarés et confus, Arabes à âne et Arabes à pied le fusil en bandoulière et dirigeant la colonne en désordre : vision du monde si nouvelle pour moi, si différente de notre France et si antique avec cela, que j'ai été saisie par sa grandeur ».
Nous transcrirons aussi avec plaisir cette méditation sur le port de Bougie :
« C'est un des plus beaux coins de la terre algérienne qu'il nous ait été donné d'apercevoir. On songe, malgré soi, à la Côte d'Azur qui lui fait face en France, à la gloire du golfe Juan, ou à la splendeur du cap Ferrat. Que manque-t-il à Bougie pour être une autre Cannes ou une autre Villefranche?
 
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